Atelier d'écriture

Atelier d’écriture

© Romaric Cazaux

Tu me manques touts les jours. Et tous les jours je viens vers toi. C’est une attraction irrésistible. Comme un rendez-vous. Cette conversation quotidienne que nous avons. A peine une demi-heure. Moi et ma demi-fesse, assises sur un banc, installées sous ta fenêtre. Toi et ta grande carcasse, posés sur un tabouret, encastrés dans le cadre de ton entrée. Chaque jour au réveil tu me manques. Et je hume l’air pour entendre le message. Et tous les bruits du monde m’amènent finalement à toi. Il n’y a rien à comprendre. Seulement l’évidence d’un équilibre. Toi et moi. Nous deux. Réunis sur le seuil de ta maison. Tous les jours. Rien de palpable. Rien à récupérer dans le flot ininterrompu de nos conversations. Tu es celui avec lequel j’aime parler. Et c’est un peu de l’amour cet échange journalier. Un amour qui n’aurait pas besoin des corps pour respirer. Et tu me manques de nouveau. Avec fulgurance. Lorsque je me lève pour aller vaquer à mes occupations habituelles. Lorsque le reste du monde reprend ses droits sur notre parenthèse. Et je sais alors ton regard sur mon dos, mes jambes, mon départ. Attentif à conserver mon image. Jusqu’au lendemain. Nous parlons de tout. Sauf de nous. Nous craignons la transgression. Celle qui ferait tanguer l’équilibre. Celle qui gâcherait tout. Celle qui ferait mourir la poésie de ces instants que nous attendons tous les deux. J’en suis persuadée. Que je te manque aussi tous les jours. Que tous les matins toi aussi tu m’attends. Sinon pourquoi aurais-tu eu ce scintillement dans les yeux quand je t’ai dit tout à l’heure… à demain.

Un texte rédigé dans le cadre de l’atelier d’écriture de Leiloona… une photo, quelques mots. Les autres textes de l’atelier sont à lire [ici].

22 commentaires sur “Atelier d’écriture

  1. Une très belle sensibilité émane de ton texte. J’aime cet amour hors du commun , dont tu nous laisses deviner la nature. Elle qui virevolte et lui qui reste.

    Des mots que j’ai apprécié : »moi et ma demi fesse », « Un amour qui n’aurait pas besoin des corps pour respirer. »

    J’aime

  2. sublime ! concis mais terriblement intense ! peu de mots mais les meilleurs choisis pour nous parler d’amour ! bravo !

    J’aime

  3. Un texte baigné de tendresse et d’une pudeur infinie. …..mais qui rend un peu triste. ….un goût de pourquoi et de trop tard? ……

    J’aime

  4. Ton texte est superbe, plein d’espoir. Il m’a un peu fait penser au dernier roman de Serge Joncour…
    C’est étonnant de voir les textes différents pour un même cliché. Je suis bien contente de m’être lancée dans cette aventure !

    J’aime

  5. Ah cette ambiguïté qui peut parfois exister entre deux personnes, cette façon de ressasser « et si, et si ? »
    Et derrière ce texte, on perçoit aussi la douleur de ne pas savoir. Tout est dit sans être écrit. Comme d’habitude, tout en retenue. Bravo.

    J’aime

Répondre à Antigone Annuler la réponse.