Aurélie Filipetti signe ici un roman de rentrée littéraire qui fait forcément un peu de bruit dans les médias. Ancienne députée et ministre de la culture, elle est en effet une personne connue du public, elle a côtoyé récemment des figures importantes du monde politique français, sa parole compte. Mais pourquoi un roman ? Voilà qui m’a déjà moi envoyée sur une mauvaise piste. A lire très vite le pitch de ce livre, je pensais que l’auteure avait écrit effectivement un roman d’amour, qui confrontait un homme et une femme, des personnages aux idéaux différents, contraires, et pourtant amants. Et j’étais intéressée de découvrir la capacité fictionnelle de l’ancienne ministre. En réalité, Aurélie Filipetti raconte dans ce livre sa relation avec Frédéric de Saint-Sernin, secrétaire d’État dans le gouvernement Raffarin. Elle cherche également à justifier son parcours, ses idées politiques, ses actions et ses empêchements. Dans les deux premiers tiers du livre, j’ai eu le sentiment qu’elle était très prudente, ne nommant personne (le président est qualifié de Prince), ne rentrant que très peu aussi dans sa sphère privée, se contentant d’énoncer de grandes idées aux motivations respectables, les confrontant avec son amant, se justifiant (encore) d’être avec lui malgré leurs différences, revenant sur ses origines sociales. Bref, je m’ennuyais un peu dans une atmosphère nébuleuse entretenue où il ne se passait au final pas grand-chose pour la néophyte en politique que je suis, rien de visiblement croustillant non plus à se mettre sous la dent en ce qui concerne une histoire d’amour réduite à des SMS et des passages rapides et discrets dans des portes cochères. Et puis, à partir de la page 315 (sur 443), quelque chose bouge. Entrée alors à son tour au gouvernement, la narratrice émet des commentaires sur le nouveau président, et surtout sur sa déception de voir que rien de ce que l’on attendait n’arrive, et à quel point le militantisme est désormais bafoué par un pouvoir, pourtant de gauche, qui préfère répondre aux sirènes de la bourgeoisie, de l’argent et de la flatterie. Aurélie Filipetti est soudain remontée en flèche dans mon estime, au vu du courage qu’elle manifestait tout à coup. Le portrait qu’elle fait de François Hollande est édifiant. Malgré une écriture de grande qualité, je reste toutefois assez réservée sur ce titre qui ne respecte pas spécialement son contrat de départ et semble être bien plus une justification d’actions politiques passées que le récit d’une histoire d’amour compliquée. Aurélie Filippeti en ressort cependant avec une image plus précise, moins effacée, plus intéressante.
Editions Fayard – 22 août 2018
« Après le repas, elle le raccompagna jusqu’à la porte, puis retourna à son bureau.
Elle aimait se promener dans le palais déserté à la nuit tombée, au moment où l’on n’entend plus soupirer que la fatigue des horloges. Les chandeliers d’argent, les lustres de cristal, les tapis de laine épaisse, les candélabres tortueux oubliaient alors pour un moment les rendez-vous des plaideurs. Même le prince Jérôme sur son tableau en pied semblait s’assoupir. Elle ouvrit les portes-fenêtres en grand pour dissiper le parfum entêtant des flatteries. Une angoisse la saisit. Elle entendait ce bruit, de nouveau, comme une porte cognant contre son chambranle doré. Il n’y a pourtant pas de courant d’air ici, pensa-t-elle.
Un bruit sourd. Le fantôme était là, sourit-elle, ou peut-être pas.
Le fantôme du peuple. »
Voilà le type de livre (on ne peut pas appeler ça roman) que je n’aime pas du tout.
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Je voulais essayer mais bof !
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Tout comme Krol , ce roman/essai/truc est à mille lieues de ce que j’aime 😀
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Oui je comprends. C’était un essai pour ma part. Pas convaincue non plus 😉
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C’est le genre de livre que j’évite. Pourtant, le Masque et la Plume dimanche, m’a donné envie de le découvrir. J’attendrai la bibli … Ce qu’elle dit dans la dernière partie doit faire écho à l’actualité non ? (départ de Hulot)
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Oui tout à fait j’y ai pensé ! 😉
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Tant que la politique sera un « métier » on n’avancera pas. Nous devrions regarder du côté de l’Islande et des changements effectués. Là-bas, les gens ne font de la politique que pour une certaine durée et retournent à leur ancien métier; apparemment.ça évite le « entre soi » et les objectifs à court terme.
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Oui il y a certainement une autre voie. Le fait d avoir un vrai métier éviterai aussi de se laisser acheter aussi facilement. On voit bien dans ce livre combien la marge de manoeuvre est étroite pour ceux qui ont de véritables idées.
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Il est arrivé tout seul dans ma PAL donc je le lirai. Je suppose que mon ressenti sera proche du tiens mais je suis intriguée.
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Oui j’aimerais beaucoup connaître ton avis. Forcément tu seras moins surprise que moi par le contenu.
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idem pour moi! les politiques qui se mettent à écrire pour continuer à exister, c’est non!
autofiction, Narcisse…
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C’est de l’auto fiction qui se ne dit pas son nom en plus ici.
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Bon, ça va, ce roman ne m’attirait pas au départ et semble conforme à l’idée que je m’en faisais. J’ai un peu le même a priori, sur un thématique différente certes, avec le « roman » d’Olivia de Lamberterie (que j’aime pourtant beaucoup).
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Il n’est pas dans mes prévisions de lecture celui-ci… 😉
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Ah, enfin un que je n’ai pas à noter après ton post !
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Je n’ai pas eu que des coups de coeur effectivement !
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idem je vais passer mon tour 😉
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Je n’ai pas trouvé grand intérêt à ce titre !
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Pas du tout envie de me plonger dans l’arrière cuisine du pouvoir. en plus ce genre de roman règlement de compte et opportuniste ne m’attire pas du tout.
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Tu as bien raison. 😉
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En voilà au moins qui ne me tente pas du tout 😉
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Un de moins à noter !😊
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Il ne me tente pas : uniquement à cause du nom de l’auteur. Je n’ai rien contre elle personnellement, mais des politiques qui se mettent à écrire, je recule.
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Je voulais tenter pour ma part mais je suis un peu déçue au final !
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