Oubliez tout ce que vous avez déjà lu d’Hugo Boris jusque là et rentrez dans ce livre avec un esprit neuf ! Rien à voir en effet dans ce récit avec l’effervescence narrative de Police ou de ses autres romans [clic ici], nous sommes dans un aveu de faiblesse, une introspection, un regard sur les autres qui ricoche sur soi. Alors que Hugo Boris vient tout juste de décrocher sa ceinture noire de karaté, le voici un beau jour face à une bagarre dans le RER. Il se découvre sur le moment incapable du moindre geste, statufié. Il aura quand même le réflexe de tirer la sonnette d’alarme qui va immobiliser le convoi quelques minutes. Son manque de réaction interroge l’homme mais aussi l’écrivain. Il se met donc à consigner tous ces micro-événements des transports en commun qui font ressortir la peur… et parfois le courage des autres. Sous la plume délicate d’Hugo Boris se réveille alors une humanité disparate, souvent dangereuse, parfois drôle et tendre. En tant que lecteur, il suffit d’avoir pris au moins une fois le métro parisien, pour que les images reviennent avec force. On s’installe soudain nous aussi avec le narrateur dans le fameux carré, on se raidit sur son strapontin, gêné par les jambes encombrantes de son voisin indélicat, on écoute les conversations sans en avoir l’air et on évite les regards, même dans le reflet de la vitre. Et lorsque quelque chose se passe, lorsque quelqu’un entre en criant, on attend avec impatience la prochaine station, quitte à, comme Hugo Boris, descendre au milieu de nulle part, à des lieux de sa destination. J’avoue avoir été un peu déstabilisée au début par le récit d’Hugo Boris. Je m’attendais à quelque chose de plus romancé, peut-être. Et puis, je me suis laissée prendre par la beauté de son écriture, par la finesse de ses analyses, ses remises en question personnelles, sa sincérité, et par les portraits qu’il dessine. Car, parfois, quelqu’un se dresse contre le désordre, intervient, prend son courage à deux mains, fait cesser la folie d’une bagarre, ou la folie d’un désespoir incompréhensible, la folie d’une situation gênante et improbable. Et si c’était nous ? Et si c’était moi ? Ou pas.
« Je n’ai pas envie d’emprunter le masque du lyrisme pour faire du beau avec du laid, des mots qui seraient des insultes à la vérité ce soir-là, je suis une merde, une lavette, un faible, un infirme. Je suis malade de la peur. J’ai la maladie de la peur. Je suis devenu la proie de ce mot. Ma propre réaction me terrorise, me dévirilise, me rend mon reflet authentique, celui d’un pauvre mec sans couilles au cul. Si lâche, si friable. »
Editions Grasset – 8 janvier 2020
Tu en parles bien et tu donnes envie!
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Merci ;). Et tant mieux !
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Il a l’air de sortir de l’ordinaire. Pourquoi pas ?
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Tout à fait, ce n’est pas du tout un roman ! 😉
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Pas particulièrement emballée par Police, pas sûre de me lancer malgré ton ressenti
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Oui, dans ce cas tu as raison ! 😉
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J’avais oublié où j’avais vu son nom et puis tu parles de Police! En effet, je me l’étais noté mais je ne me le suis jamais procuré. A voir avec celui-ci peut-être.
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J’ai adoré Police ! ❤
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Je n’ai pas été emballée par Police mais ce texte-là est évidemment très différent. Il faut un certain courage pour avouer ce genre de comportement et l’examiner.
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Il a été écrit sur une dizaine d’années, comme un journal de lâcheté, c’est très original !
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Pourquoi pas mais il me reste dans ma PAL « le baiser dans la nuque qu’il serait plus raisonnable que je lise en d’abord….
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Oui c’est sûr ! 😉
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Je viens de le lire, et moi aussi j’ai bien aimé, c’est émouvant et sincère. Je mets ton billet en lien !
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Merci 😉
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