Lectures 2020

Le serveur, Matias Faldbakken… ma rentrée de l’hiver 2020 !

Traduit du norvégien par Marie-Pierre Fiquet – Titre original : The Hills

J’avais tellement aimé Un gentleman à Moscou de Amor Towles, édité également chez Fayard, et dont l’intrigue se déroule intégralement dans un hôtel… que je me suis laissée tenter par ce livre, qui se déroule lui intégralement dans un café d’Oslo. La comparaison s’arrête cependant là, car nous sommes à une époque différente (les clients du Hills naviguent sur internet avec leur smartphone) et loin d’être ici une épopée romanesque, Le serveur s’attache à ses personnages, sur l’espace de quelques jours, et dans un espace encore plus restreint que celui de l’hôtel moscovite. Mais ne vous y trompez cependant pas non plus, Le serveur, quoique différent, est un roman bourré de charme, et qui a la saveur particulière des livres amenés à devenir des classiques. J’ai été complètement bluffée par sa qualité littéraire… Nous rentrons dans le Hills à la suite du serveur, qui navigue entre les tables, prend les commandes, sert et dessert. Le décor semble ne pas avoir changé depuis des siècles et les clients qui passent le rideau de feutrine ne s’y trompent pas, ils viennent chercher dans ce lieu l’intemporalité. Le changement et le désordre arrivent pourtant, avec l’arrivée inattendue d’une nouvelle habituée, que le serveur qualifie de femme-enfant. Il est en effet incapable de lui donner un âge, et son parfum, son attitude insouciante, son comportement, perturbent cet hypersensible d’habitude extrêmement rigoureux. Les clients se parlent soudain entre eux, changent de table, et décident même tout à coup de commencer leur dîner par le fromage. Quel manque de savoir vivre ! En fond sonore, le vieux Johanson joue des airs mélancoliques, planqué dans sa mezzanine. Il ne faudra pas chercher sur internet si le Hills est véritablement un café d’Oslo, il n’existe pas (d’après mes recherches), mais il représente tous les restaurants du monde, restés figés comme au temps de la vieille Europe. Et d’ailleurs, au fur et à mesure que le récit avance, on se rend compte que les lieux ont une existence protéiforme, comme cette cave labyrinthique aux travées absurdes et qui semble ne pas avoir de fond, cet escalier qui mène au repère de Johanson et qui n’est pas assez large pour laisser passer un piano, ces dessins et cartes collés sur le mur et cette couche épaisse presque vivante qui semble le recouvrir, faite du temps qui passe et des souvenirs. Nostalgie et modernité se confrontent dans ce roman original et particulier qui regarde de son espace protégé le monde bouger. Un drôle d’ovni de cette rentrée ! Certains s’y ennuieront peut-être. J’ai beaucoup aimé.

Editions Fayard – 15 janvier 2020

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

13 commentaires sur “Le serveur, Matias Faldbakken… ma rentrée de l’hiver 2020 !

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