Lectures 2017

Une fenêtre un auteur… Sophie Adriansen

Pendant cette période spéciale de confinement et d’annulations de salons littéraires, j’ai eu l’idée d’interviewer quelques auteurs. De quoi nous changer les idées et leur donner une visibilité supplémentaire.

Sophie Adriansen a bien voulu répondre à mes questions.

Bonjour Sophie,

Tu étais invitée au Printemps du livre de Montaigu cette année, salon dont la tenue a été annulée comme de nombreux autres événements du Printemps.

Tu as bien voulu répondre à quelques questions pour le club des lecteurs yonnais.

  • On peut dire que tu écris actuellement pour tous les âges, pour les adultes aux éditions Fleuve, mais également pour la jeunesse, chez Magnard, Nathan et Gulf Stream. Je voulais me faire dédicacer un de tes derniers opus au Printemps du livre de Montaigu cette année, un roman jeunesse publié chez Magnard en octobre 2019, Le test, pourrais-tu nous le résumer en quelques mots ?

Le Test met en scène Madeleine, une lycéenne en classe de seconde qui tombe enceinte lors de sa première fois. Madeleine, dont les parents dirigent le prestigieux Grand Hôtel et sont toujours absents, est très seule et son petit ami la quitte lorsqu’elle lui apprend la nouvelle. Mais le choix que Madeleine va avoir à faire n’est pas celui auquel elle s’attendait…

  • Le public ne connaît pas forcément ton parcours d’écrivain. Peux-tu nous raconter ce saut professionnel que tu as fait il y a quelques années ? Et comment ton passage en tant que blogueuse a alors été important ?

Après un bac littéraire, j’ai fait des études d’économie et de communication avant de travailler pendant cinq ans pour un grand groupe financier. Parce que, malgré ma passion de l’écriture, on m’avait bien dit qu’écrivain n’était pas un métier. J’ai écrit mes deux premiers livres tout en étant salariée. A la parution du deuxième, j’ai décidé de me consacrer totalement à l’écriture. D’essayer, du moins. C’était il y a neuf ans… Dans l’intervalle, j’avais ouvert mon blog Sophielit, pour partager mes avis car je lis beaucoup. Je commençais à recevoir des propositions de services de presse, des invitations à des événements littéraires, etc. Les contacts que j’ai eus de cette manière ont facilité mes envois de manuscrits ensuite, car je n’étais plus totalement inconnue…

  • Tes livres jeunesse, surtout Max et les poissons (qui raconte la rafle du vel d’hiv à hauteur d’enfant), sont étudiés en classe. Tu fais donc de nombreuses rencontres scolaires. Peux-tu nous dire ce que ces rencontres t’apportent et pourquoi tu aimes écrire pour la jeunesse ?

Ces rencontres permettent de prolonger la vie des livres. Discuter d’écriture et de mon parcours donne des pistes à ceux qui aiment déjà écrire, notamment au collège. J’aurais adoré rencontrer un auteur quand j’étais adolescente. Nous parlons « métier » mais abordons également les sujets qui sont au cœur de mes livres. Dans le cas de Max et les poissons, le roman autour duquel je fais le plus d’interventions scolaires, nous évoquons la grande histoire mais aussi la manière dont elle résonne avec l’actualité. J’ai alors l’impression que mon livre a une vraie utilité, qu’il aide les citoyens en devenir à se construire. Les enfants sont plus ouverts que les adultes, ils accueillent les romans avec moins d’idées arrêtées…

  • Je parlais plus haut de tes écrits pour adultes. J’ai personnellement été très touchée par mes lectures de Le Syndrome de la vitre étoilée et Linea Nigra, qui racontent le désir d’enfant mais aussi les difficultés liées à la grossesse et au post partum. Dans un élan récent, le tabou des difficultés du post partum a été un peu plus évoqué dans les médias. Peux-tu nous expliquer l’importance de ces deux romans pour toi ?

La façon dont on naît est une question qui me passionne depuis près de vingt ans et que j’ai toujours considérée comme étant politique. Pour écrire Le Syndrome de la vitre étoilée puis Linea Nigra, j’ai mêlé le fruit de mes recherches sur le sujet à mon expérience personnelle – du désir d’enfant, de la PMA, de la grossesse, de l’accouchement. Cela ne signifie pas que ces romans sont autobiographiques, ils brassent les témoignages d’autres femmes et je ne suis pas Stéphanie – quoi que nous ayons un certain nombre de points communs. Mais ils concentrent malgré tout des aspects que je n’ai pas inventés, et cela, ajouté à l’importance que la naissance devrait de mon point de vue avoir dans la société, en font des livres qui comptent particulièrement dans ma bibliographie.

  • Tu as été la première marraine du premier salon 100 % féminin, les Littér’elles en 2018 à Noirmoutier. Pourrais-tu nous raconter ce que ce cela a signifié pour toi ?

Ce salon était une première, tout comme l’expérience de marraine pour moi. J’ai pris cela comme un honneur, et aussi une responsabilité en termes d’image. J’étais heureuse que ce salon soit exclusivement féminin, et que tous les genres littéraires y soient représentés. C’est un excellent souvenir ; la gentillesse du public, la qualité des nombreuses tables-rondes et le beau temps sur l’île y ont largement contribué. Ah, se baigner à Noirmoutier la veille de la rentrée…  Et puis, j’en ai rapporté de la matière : quelques mois après, j’ai écrit Maëlle met son grain de sel (paru en janvier dernier), dont l’histoire se déroule principalement sur l’île.

  • Je sais aussi que tu es très impliquée dans le combat pour un meilleur encadrement du droit des auteurs. Veux-tu nous en dire quelques mots ?

Pour des centaines de milliers de personnes comme moi, l’écriture est un métier à temps plein. Comme les autres travailleurs, nous payons des charges sur ce que nous percevons. Cependant, et alors même que nos œuvres permettent à toute la chaîne du livre de vivre, nous n’avons pas les mêmes protections que les autres travailleurs… Notre précarité est grande et le moindre changement législatif peut faire vaciller la profession. En plus d’adhérer à plusieurs organisations (dont la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse), je fais partie des membres fondateurs de la Ligue des auteurs professionnels, créée en septembre 2018, qui œuvre à nous protéger et à obtenir un véritable statut pour les auteurs.

  • Et enfin, depuis quelques années, tu as quitté la région parisienne pour la Bretagne. Pourrais-tu nous expliquer ce que cela t’a apporté et ce que cela a changé dans ta façon d’exercer ton métier d’écrivain ?

D’abord, une surface habitable multipliée par 6 (je vivais dans Paris) et un grand jardin ! Ce qui n’est pas négligeable pour laisser les idées se balader… Mais le principal changement réside dans le fait que j’ai désormais une pièce dédiée à mon travail, aux murs couverts de livres du sol au plafond. J’ai récupéré un vieux bureau de notaire dont les rallonges sont en permanence dépliées, ce qui me permet de disposer d’une grande surface pour étaler les pages de manuscrits. Enfin, étonnamment, je prends plaisir à situer certains textes dans la capitale ; quand j’y vivais, je préférais m’en échapper…

Un grand merci à toi Sophie.

Merci Antigone ! A bientôt quand même, j’espère.

http://www.sophieadriansen.fr/

16 commentaires sur “Une fenêtre un auteur… Sophie Adriansen

  1. Merci pour cet entretien ! J’ai tellement aimé Le syndrome de la vitre étoilée et Linea Nigra qui m’ont vraiment aidés à tourner la page sur des choses mal vécues !

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  2. Je n’ai pas encore lu cette auteure, et je viens tout juste de faire le rapprochement avec le blog « Sophielit » (que je ne suis pas mais que je connais de nom). Parcours intéressant.

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  3. Un joli parcours ! J’avais rencontré Sophie en 2013, lors d’un diner au resto à Paris, la veille de m’envoler pour des vacances en Guadeloupe ! J’ignorais qu’elle était devenue Bretonne. J’avais lu l’un de ses premiers ouvrages, que j’avais adoré (lorsque nous seront frère et soeur), et puis, j’avoue, je ne l’ai plus suivi… Trop de livres dans ma PAL et n’étant pas du tout littérature jeunesse.. ben voilà, je suis sans doute, à tort, passer à côté de belles pépites.

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