Les dangers de fumer au lit, Mariana Enriquez… rentrée littéraire de l’hiver !

Traduit de l’espagnol (Argentine) par Anne Plantagenet

La rentrée de janvier, quoique littéraire, n’est jusque-là (d’après ce que j’en ai lu) pas très rigolote. Je vais enfoncer le clou avec cette lecture, qui annonce la couleur en couverture. On ne pourra pas dire que l’on n’a pas été prévenu… Ce titre est un recueil de nouvelles. Il vient tout juste d’être traduit et de sortir en France mais il est paru en Argentine en 2009. Vous le devinerez, la mort rôde dans ses pages, mais pas ainsi que vous l’imaginez. Ici, la mort n’est qu’un passage, une métamorphose. Les fantômes sont là, bien présents, peuvent vouloir récupérer leurs os, décider de votre vie, hanter tout un quartier. Et malheur à qui les énerve ou fait appel à eux. Dans l’Argentine de Marianna Enriquez, les sorcières existent et les revenants circulent parmi nous. Les enfants et les adolescents sont d’ailleurs les plus effrayants, et « manger ses morts » pas qu’une expression. Par ailleurs, les pulsions sexuelles de ses personnages ont toujours quelque chose de sale, ou de désespéré. De quoi faire des cauchemars et trembler de terreur. Le monde est-il donc si pourri et sans issue ? En réalité, l’horreur que Mariana Enriquez offre dans ses histoires, et dont elle joue avec style, est toujours amenée délicatement, et servie par une écriture d’une grande beauté, ce qui permet au lecteur de respirer, persuadé que cette fois-ci tout va bien se terminer. On peut penser aux nouvelles d’Edgar Allan Poe, pour l’inspiration. Mais, les nouvelles de Mariana Enriquez ont quelque chose de moderne et de familier, comme si l’inimaginable pouvait réellement se produire aujourd’hui, en profitant d’une faille de notre société facilement ébranlée. C’est le premier titre que je lis de cette autrice, qui a déjà publié en France Une part de nuit et Ce que nous avons perdu dans le feu, et je referme ce recueil en ayant l’impression d’avoir fait une rencontre littéraire importante.

Editions du Sous Sol –  13 janvier 2023

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…    

Lu dans le cadre d’une opération Masse critique spéciale de chez Babélio
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