Lectures 2019

Bons baisers de Noël, Nancy Herkness & Tawna Fenske & Rebecca Crowley

Avant de me diriger vers des lectures plus sérieuses (la rentrée de janvier a débarqué dans ma BAL avec quelques titres beaucoup plus austères mais très tentants)… je termine avec ce livre mon incursion inédite dans l’univers fascinant des romans de Noël. Les maisons d’édition font pour les fêtes un travail éditorial remarquable, en ce qui concerne les couvertures. Malheureusement, l’intérieur n’est pas toujours à la hauteur, ou en adéquation. Ici, finalement, tout va bien… car ce recueil est une version livre tout à fait légitime de ces fameux films de Noël que nous regardons avec délectation pendant l’avent, histoire de se mettre dans l’ambiance… Je dois cependant préciser qu’il s’agit ici d’une version plus Harlequin que Hallmark (pour les connaisseurs), et que ces trois romances auraient tout à fait leur place dans le premier mardi c’est permis de Stéphie. Dans les trois nouvelles, en effet, un beau sportif aux pectoraux impressionnants, mais au passé difficile, rencontre une belle jeune femme d’affaires à la veille de Noël. L’attraction irrésistible est évidente dès les premiers échanges mais les deux tourtereaux mettent quelques temps à baisser leur garde et à se laisser aller… Il faut dire que leur passé, ou leur présent, leurs blocages en tous genres, leur mettent des bâtons dans les roues. Pour autant, le passage à l’acte est rapide (et détaillé) et le lecteur sait que tout va finir par un happy end (c’est Noël). Malgré la légèreté évidente de l’ensemble, je me suis surprise à apprécier la lecture de ce recueil, digne de mes lectures adolescentes. C’est tendre, américain, complètement invraisemblable et plein d’espoir, détente garantie. La nouvelle centrale, qui se déroule au sein d’un élevage de rennes est de loin la plus réussie et la plus aboutie, la plus drôle aussi. Un poche à lire pour ce qu’il est donc, sans se prendre la tête, et au coin du feu.

J’en profite pour vous souhaiter sur le blog de très belles fêtes de fin d’année !

Editions J’ai lu –  octobre 2019

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Lectures 2019

Toutes blessent, la dernière tue, Karine Giebel

J’ai réussi à aller jusqu’à la fin de ce thriller éprouvant reçu lors d’une opération Masse critique spéciale de Babélio… ce qui est visiblement déjà un exploit. En effet, lorsque j’ai publié la photo de ma lecture en cours sur Instagram, de nombreuses blogueuses m’ont signalé en message privé n’avoir pas réussi à le terminer ou attendre vraiment mon retour sur ce livre. Je ne suis pas vraiment la cible de ce genre de romans très violents, mais j’aime parfois aussi sortir de ma zone de confort. Je ne peux pas dire cependant que je sois entièrement séduite par ma lecture. Je n’ai pas accroché spécialement à l’écriture, simple et parfois un peu répétitive. Je n’ai pas toujours cru non plus à la violence généralisée, même si l’auteure a su distiller par ci par là quelques lueurs d’espoir. Il me semble pour autant que Karine Giebel suit les codes du genre, ne nous laissant aucun répit dans l’extrême violence, et ce jusqu’à la toute dernière page, ce qui rend cette lecture à la fois repoussante et addictive. Et elle a pour cela un talent et une inventivité indéniables, il faut le reconnaître. L’histoire ? Tama est une esclave, arrachée très jeune à sa famille pour venir travailler en France. Elle a à peine 8 ans quand elle débarque chez les Charandon, qui la font dormir par terre dans la buanderie. On a menti à son père resté au Maroc. Il pense avoir donné à sa fille l’occasion d’étudier et de se préparer un avenir. Ses employeurs s’avèrent de parfaits bourreaux, s’adonnant aux coups si nécessaire. Heureusement, il y a le bébé Vadim, les visites d’un jeune homme de la famille et les livres… Un peu plus loin, en Lozère, Gabriel recueille une inconnue, blessée et amnésique. Elle ne sait pas qu’elle est très mal tombée, chez un assassin. Ces deux êtres s’apprivoisent, contre toutes attentes… Malgré mes bémols de lecture, j’ai aimé malgré tout que l’auteure traite de manière si profonde cette scandaleuse réalité des esclaves domestiques. Comme elle le dit en postface, c’est un phénomène difficile à quantifier mais réel, qui se déroule souvent en huis clos, et dans divers milieux. J’aurais aimé je crois que l’intrigue en reste là, Tama étant un personnage suffisamment attachant pour porter le roman. L’intrigue évolue en effet vers des histoires de gangs et de vengeances moins intéressantes et subtiles. Voici donc une lecture pour les adeptes du genre, qui à mon avis goûteront le talent de Karine Giebel pour créer une atmosphère suffocante. Je suis heureuse pour ma part de passer à autre chose.

Editions Pocket –  novembre 2019

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Lectures 2019·Objectif PAL

Fleur de glace, Kitty Sewel… mon objectif pal de décembre !

J’ai choisi ce livre dans ma PAL dans l’optique de continuer à lire en décembre quelques titres sur le thème de Noël et de l’hiver pour mon club de lecteurs. Et je n’ai pas regretté mon choix. Fleur de glace est un roman à la fois très prenant et dépaysant. Nous sommes à Cardiff, dans les Pays de Galles, en 2006. Le docteur Dafydd Woodruff, bien installé, autant dans sa vie professionnelle que personnelle, voit tout à coup son quotidien bouleversé par une lettre en provenance de Moose Creek, dans les territoires du Nord au Canada. Sheila Hailey lui apprend ainsi qu’il serait le père de ses jumeaux. Il y a quinze ans, le chirurgien a tenté en effet d’oublier là-bas une erreur opératoire qui avait coûté la vie à un petit garçon. Mais Dafydd Woodruff est persuadé de ne jamais avoir eu de rapports sexuels avec Sheila, l’infirmière en chef revêche de l’hôpital où il exerçait alors. Un test ADN confirme sa paternité. Tandis que son couple est au bord du naufrage, Dafydd décide de se rendre sur les lieux, afin de voir Sheila et les enfants. En parallèle, le lecteur est projeté en 1992 et fait la connaissance du jeune Dafydd, fraîchement débarqué à Moose Creek. Petit à petit, les événements se confrontent et les pièces du puzzle se mettent en place. Un peu perdu, le chirurgien reprend malgré tout ses marques dans ce lieu qu’il a laissé presque à l’identique quelques années plus tôt et s’attache aux adolescents dont il admet être le père biologique. La science ne peut pas se tromper. A Cardiff, la vie de Dafydd ne cesse par ailleurs de plonger dans le chaos. Sa femme a peu ou prou quitté le domicile conjugal et souhaite vendre leur maison, traînant depuis le test ADN et les dénégations de son mari le sentiment d’avoir été trahie. Dafydd vit un enfer mais quelque chose semble bouger en lui… Et j’ai beaucoup aimé, moi lectrice des Racontars du froid de Jorn Riel par exemple, toute cette ambiance des territoires du Nord qui me fascinent, la galerie de personnages secondaires et hauts en couleurs que Dafydd côtoie, notamment ce vieil homme appelé Ours Qui Dort et l’ami aux lourds secrets, Ian. A Moose Creek, chacun a conscience du danger que représentent le froid et la nature. On boit, on se drogue parfois, on vit dans la saleté sans trop y prêter attention. Tout le monde se connaît ou est amené à se croiser un jour. Le monde est aussi petit que le territoire est vaste. Et si Dafydd avait en fait laissé son coeur encore un peu plus loin, dans le nord, pendant son séjour auprès d’un vieil homme et d’une femme nommée Uyarasuq ?

Editions Pocket – septembre 2009

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Lectures 2019

Pourquoi je déteste Noël, Robert Benchley

J’ai décidé cette année de lire en décembre quelques titres sur le thème de Noël et de l’hiver. C’est également le sujet des prochaines rencontres de mon club de lecture… J’ai donc fureté en librairie et déniché quelques poches. Ce que j’ai aimé chez celui-ci est l’écho trouvé en couverture de ce que j’ai pu entendre à l’approche des fêtes. Il y a de multiples raisons d’aimer Noël mais aussi de multiples autres de le détester. Ce tout petit livre d’une centaine de pages, que l’on trouve en mini format renferme en fait un recueil de 12 nouvelles de Robert Benchley. Le titre est sorti en France chez Wombat en 2011 sous une couverture un peu moche mais peut-être plus explicite car on y voit un Père Noël à peine déguisé parler à un enfant assis sur ses genoux et qui se bouche les oreilles (voir plus bas)… Je dois dire que je n’ai pas vraiment aimé cette lecture. En effet, les nouvelles incluses dans ce livre sont satiriques, certes, mais assez datées et pour certaines franchement dérangeantes. L’auteur est décédé en 1945. Je note d’ailleurs le remarquable travail d’éditeur de Points qui donne pourtant à ce mini poche des allures extrêmement attirantes. Cela dit, certaines nouvelles de ce recueil sont quand même excellentes et relèvent le niveau de l’ensemble. La première nouvelle par exemple s’amuse de l’idée d’un bon vieux Noël à l’ancienne qui serait, selon les dires de tout le monde, le Noël parfait. Le narrateur décrit un Noël à la campagne chez ses beaux parents avec tous les codes d’un Noël réussi, le froid, la nourriture trop abondante, le temps passé assis (soit à manger, soit à ne rien faire, soit à écouter le tic-tac de l’horloge), l’ennui profond. La deuxième nouvelle est sans doute ma préféré. Elle raconte la création de la carte de voeux par un homme, nommé Ferderber, qui n’ayant rien sous la main, mis à part du papier a l’idée une année de souhaiter Noël en découpant quelques cartes et en y ajoutant des pensées relatives à la saison. L’idée lui vient aussi de dessiner une feuille de houx. Les cartes de voeux deviennent un tel phénomène qu’un jour plus personne ne les lit et qu’un autre personnage a lui l’idée de formuler plutôt des voeux agressifs et déplaisants. Il faudra une année pour enrayer le processus et déclarer officiellement l’interdiction de la fabrication des cartes de voeux. Les nouvelles suivantes sont malheureusement moins drôles (de mon point de vue) ou d’un humour un peu dépassé. Elles mettent en scène la plupart du temps des enfants, qui reçoivent des taloches si ils n’écoutent pas les contes de l’Oncle Edith par exemple ou se retrouvent suspendus à un lustre en fin de réveillon car ils ont dérangé des cambrioleurs. Après la lecture de ce titre, vous ne risquez pas d’aimer Noël davantage. Et il faut vraiment avoir un certain humour décalé et absurde pour l’apprécier, ce qui n’est peut-être pas tout à fait mon cas en ce moment.

Editions Points –  novembre 2018

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Coups de coeur·Lectures 2019

Kafkaïen, Peter Kuper… coup de coeur !

❤ Je suis loin d’être une spécialiste de Kafka. J’ai sans doute tout de même Le Château dans ma bibliothèque (à vérifier) et mon fils a fait un devoir au collège sur La Métamorphose, que j’ai ainsi pu lire rapidement en diagonale… Je ne suis pas une spécialiste, mais je sais tout de même que l’univers kafkaïen est particulier. D’ailleurs, le terme est devenu un adjectif utilisé dans le langage courant pour désigner une atmosphère absurde, oppressante et sans issue, à l’image de ses romans.  Et c’est tout à fait cet univers là que l’on retrouve reproduit avec talent par Peter Kuper dans cet album, qui met en dessins quatorze nouvelles de Kafka. Le parti pris du dessin noir et blanc épais est parfait pour impressionner les esprits et mettre en scène des histoires parfois extrêmement courtes que le crayon de l’artiste transfigure véritablement. Je dirais même qu’il apporte (au delà des mots de Kafka inscrit dans les bulles) une dimension supérieure aux textes. Tout cela est donc noir, épais, violent, absurde, sans issue, affreux et moche. Et j’ai adoré. Car le talent de Peter Kuper explose à chaque page de manière indéniable. C’est assez difficile à expliquer, et peut-être n’est-ce qu’un sentiment personnel, mais il m’a semblé que chaque planche fonctionnait parfaitement et que je retrouvais soudain l’excitation que j’avais ressenti en découvrant Maus de Art Spiegelman autrefois. Bref, j’ai été bluffée par ce génial Peter Kuper que je ne connaissais pas encore.

« Kafka est mort à l’âge de quarante quatre ans, il y a près d’un siècle, mais ses histoires résonnent comme si elles avaient été écrites hier. Il se peut, comme le suggère le disciple de Kafka Gustav Janouch, que ses écrits soient « un miroir de demain ». Leur place est ici et maintenant, ses fables sont des feuilles de route pour notre condition humaine. Elles nous avertissent des dangers de nos institutions, nous rappellent nos faiblesses et nous poussent à rire de nos absurdités. Alors que notre monde mérite de jour en jour davantage l’adjectif « kafkaïen », les messages que Kafka nous souffle à l’oreille et entre les cases prennent un sens renouvelé. »

Les éditions ça et là – 22 novembre 2019

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Lectures 2019

Bienvenue à High Rising, Angela Thirkell

J’ai décidé cette année de lire en décembre quelques titres sur le thème de Noël et de l’hiver. C’est également le sujet des prochaines rencontres de mon club de lecture… J’ai donc fureté en librairie et déniché quelques poches. Celui-ci a trouvé grâce à mes yeux, par le charme de sa couverture et non par son bandeau (rassurez-vous). Nous sommes en 1930, dans un petit village anglais appelé High Rising, à quelques encablures de Londres. Les potins vont bon train parmi les habitants de ce hameau. Ils concernent en particulier la nouvelle secrétaire de George Knox, un riche écrivain du coin. On la dit prête à tout pour se faire épouser, et un peu folle. Laura Morland, romancière à succès, veuve, mère de trois grands garçons et d’un adolescent, souhaite tirer les choses au clair pendant son séjour, avant de retourner à Londres. George Knox est un bon ami, malgré ses lubies et ses conversations ennuyeuses, et elle a déjà dans ses cartons un autre plan, celui de présenter la fille de l’écrivain, Sybil Knox, à son éditeur Adrian. Cette secrétaire, un brin hystérique et très envahissante pourrait tout faire capoter, surtout qu’elle se présente comme une grande fan des poèmes de jeunesse de l’éditeur. A quelques jours de Noël, voici donc High Rising en pleine effervescence et le haut lieu des intrigues les plus basses. Ce roman a un charme désuet indéniable, et j’ai pensé bizarrement à l’ambiance de la série Downton Abbey, sans doute parce que à l’instar de la série les employés ont ici un rôle important. En effet, même si chaque personnage doit respecter les codes réservés à leur rang, ce n’est pas toujours aisé, et il semblerait qu’ils aient tous un peu de mal à trouver leur place. L’employé de maison de Laura, Stoker, a par exemple beaucoup de mal à ne pas prendre la parole, et à rapporter les potins du village, quitte à mettre mal à l’aise ses interlocuteurs. Le docteur du village n’ose avouer ses sentiments à la femme qu’il admire, mais rompt sans cesse le secret professionnel. Sybil est sotte mais a tout de même écrit un livre, car on la suppose aussi douée (voire plus) que son père. Le fils de Laura envahit les conversations et la maison de sa mère par sa passion exubérante pour les trains. Les personnages sont attachants, étonnamment modernes dans leurs agissements (surtout Laura Morland qui ne souhaite pas se remarier et est autonome financièrement), mais malheureusement l’intrigue s’avère au fil de la lecture un peu plate. Dommage.

Editions 10/18 –  17 octobre 2019

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