Lectures 2020

Les heures silencieuses, Gaëlle Josse

Ce livre n’est pas mon premier roman de Gaëlle Josse. J’ai déjà lu d’elle Le dernier gardien d’Ellis Island, Un été à quatre mains, L’ombre de nos nuits et Une femme en contre-jour.  J’ai même eu la chance de la rencontrer. Le moins que l’on puisse dire est que Gaëlle Josse n’a pas son pareil pour inventer une histoire à partir de peu de choses, ici le tableau de la couverture, Intérieur avec femme à l’Epinette de Emmanuel de Witte… Nous sommes à Delft, en novembre 1667. Magdalena tient son journal. Elle évoque son présent, avec son époux, qui a commandé le tableau, mais aussi ses enfants. Régulièrement, ils se retrouvent en famille pour faire de la musique, mais l’occupation de la maisonnée, et leur source de revenus principal, ce sont les bateaux de la Compagnie des Indes Orientales. Lorsqu’elle était jeune, elle suivait d’ailleurs son père un peu partout sur le port, puis elle est devenue femme, et tout a changé. Elle revient dans son journal, sur un lourd secret qui a marqué son enfance, mais aussi sur ses tristesses et ses joies de mère et d’épouse. Sa seule rébellion est cette volonté qu’elle exprime via ce tableau, celle de rester de dos. Si vous aimez Gaëlle Josse, vous retrouverez dans ce livre l’écriture fine, lumineuse et musicale qui la caractérise ainsi que tout le déploiement de son imagination délicate. C’est un tout petit livre, d’un peu moins de 100 pages, mais qui ouvre une large fenêtre sur l’histoire inventée d’un tableau et qui nous donne l’impression d’avoir été le contempler dans un musée et d’être par magie rentré dedans.

Editions J’ai lu – janvier 2011

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Lectures 2020·Objectif PAL

Loving Franck, Nancy Horan… mon objectif pal du mois !

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Virginie Buhl

J’ai fait cette année de très belles découvertes grâce à des livres pris dans la boîte à livres de ma ville. Je suis donc d’autant plus heureuse d’y déposer régulièrement moi aussi des ouvrages, un peu moins malheureusement depuis les confinements. Loving Franck était dans mon point de mire depuis sa sortie en grand format, j’ai donc été ravie quand je l’y ai trouvé en version poche il y a plusieurs mois. Cependant, j’en ignorais complètement le contenu. Je savais seulement qu’il s’agissait d’une histoire d’amour assez forte… J’ai donc été très agréablement surprise de découvrir en commençant cette histoire que le Franck tant aimé par une Mamah prise dans une spirale inéluctable était Franck Lloyd Wright. De cet architecte très connu je ne connaissais en fait non plus pas grand chose, mais j’avais manipulé du temps de mon travail en librairie de très belles monographies sur ses travaux. Il s’avère donc que l’histoire d’amour racontée et romancée par Nancy Horan dans Loving Franck est basée sur une histoire vraie. Nous sommes au tout début du XXème siècle à Chicago. Les femmes luttent encore à l’époque pour le droit de vote et la société est très puritaine. C’est donc un vrai scandale lorsque Franck Lloyd Wright, architecte déjà connu pour ses maisons d’avant garde, homme marié et père de six enfants, tombe éperdument amoureux de sa cliente, elle-même également mariée et mère de deux enfants. La presse s’en mêle, surtout lorsque les deux amants partent ensemble en Europe. Mamah vit alors avec une lourde culpabilité chevillée au corps mais cherche en même temps à vivre son destin. Sa rencontre avec la féministe suédoise Ellen Key sera déterminante sur ce point, surtout lorsqu’elle lui confie la traduction de ses textes. A leur retour aux Etats-Unis, les deux amants souhaitent vivre ensemble et décident de construire la maison de leurs rêves… Ce texte est d’une grande force épique et amoureuse. On devine que Nancy Horan y a mis sa touche romanesque tout en s’appuyant sur des faits réels. La presse de l’époque s’est acharnée sur le couple et de multiples détails de la vie des amants s’est retrouvée déballée dans les journaux. On découvre un Franck LLoyd Wright plein de talent mais fantasque et dispendieux, et une Mamah en avance sur son temps, féministe et intellectuelle, mais confrontée aux idées de l’époque. La société ne lui pardonne pas d’avoir abandonné ses enfants. Elle ne se le pardonne guère non plus, même si sa détermination pour vivre la vie qui lui semble destinée est sans bornes, et j’ai beaucoup admiré cette détermination. Loving Franck est un très beau portrait de l’Amérique de l’époque, tiraillée entre modernité et conservatisme.

Editions Le livre de Poche – février 2011

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Un roman lu dans le cadre de…

Lectures 2020

Tous les péchés sont capitaux, Daria Desombre

Traduit du russe par Julia Chardavoine

J’ai commencé cette série par le deuxième volet, Les disparues du tableau, découvert grâce à un Masse critique de chez Babélio. Et j’ai tellement aimé ma lecture, les personnages, le contexte moscovite, l’érudition contenue dans cette enquête que j’ai voulu découvrir le premier volet dont je vous parle aujourd’hui. Je vous conseille de lire malgré tout cette série dans l’ordre, ce qu’a pu faire pour le coup mon mari. Nous découvrons donc dans ce premier opus, sorti en poche, comment Macha Karavaï, toute fraîche stagiaire à la police de Moscou, a fait la connaissance d’Andreï, l’enquêteur en chef, un peu bourru et dubitatif devant cette jeune fille qu’on lui assigne et qui semble pistonnée. Les premiers moments sont un peu tendus entre eux. Macha est fascinée par les tueurs en série. Andreï trouve donc ainsi le moyen de l’occuper et de l’éloigner de lui, en lui demandant de consulter d’anciennes affaires non élucidées. Lui, est sur une affaire plus récente avec un cadavre que l’on vient de retrouver, un étrange nombre 14 tatoué sur le crâne. Contre toute attente, Macha découvre un lien entre les vieux dossiers qu’elle consulte, les lieux où les victimes ont été découvertes dans Moscou formant effectivement un drôle de schéma, spirituel et sacré. Aidée par son ami Innokenti, historien et antiquaire, elle mène l’enquête et interroge des ancien témoins. Je suis encore une fois ressortie enchantée de ma lecture. J’ai apprécié cette enquête qui mêle savoir et monde religieux. Les personnages sont très bien campés et psychologiquement fouillés. Autour de Macha, gravitent une famille, des amis, mis à rude épreuve dans cet opus. En commençant par le deuxième volet, quelques événement m’étaient malheureusement déjà connus. Mais peu importe. J’ai hâte de continuer à suivre les aventures d’Andreï et Macha, de retrouver l’atmosphère de ces romans, que je verrai bien en série, filmés à la manière des Wallander (la série avec Kenneth Branagh).

Editions du livre de poche – mars 2020

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Lectures 2020

Harry Potter et la coupe de feu, JK Rowling

Traduit de l’anglais par Jean-François Ménard

J’ai commencé à lire la série Harry Potter, pour répondre à un défi de mon club de lecteurs et je continue à lire les tomes de manière plus ou moins régulière. De plus, il me paraissait intéressant de terminer mon cycle jeunesse de novembre ainsi… Le moins que l’on puisse dire est que ce quatrième tome est différent, plus gros, plus exigeant, plus violent. Je me suis un peu ennuyée lors de la première partie qui raconte avec force détails la mise en place d’un tournoi de Quidditch. Pourtant, toute l’intrigue suivante prend racine dans les événements racontés là. L’apparition de la marque dans le ciel, la douleur ressentie à sa cicatrice par Harry Potter, le comportement étrange de quelques personnages hauts placés, donnent à cette nouvelle rentrée à Poudlard des allures bien inquiétantes. Enfin, la candidature étonnante de Harry Potter au tournoi de magie regroupant différentes écoles de sorcellerie attise curiosités et interprétations diverses. La vigilance constante est de rigueur. Mais suffira-t-elle ? Les conclusions de l’intrigue nous amènent à penser le contraire. J’ai été effrayée par cette fin et un peu émue par le sort de Cédric. En bref, la magie Harry Potter a encore une fois fonctionné sur moi, pour mon plus grand plaisir ! Je reste bluffée par l’écriture et j’ai été cette fois-ci impressionnée par l’imagination terrifiante de JK Rowling. N’ayant pas vu les films, j’ai pu laisser libre cours à mon imagination. Il me reste à la confronter aux images à présent. Avec ma grande fille, qui me prête ses livres, nous avons convenu qu’avec ce tome l’univers enfantin et gentillet d’Harry Potter disparaissait au profit de quelque chose de plus noir, de plus profond et de plus intéressant aussi. Je suis contente de m’être laissée entraîner dans ce récit. A suivre…

Editions Folio Junior – 2000

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Lectures 2020

La capucine, Marie Desplechin

Le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil qui se tient virtuellement ce week-end sur leur site https://slpjplus.fr/ et à la télé, a décerné le prix de La grande ourse 2020 à Marie Desplechin. Cette distinction existe depuis l’an dernier et permet de mettre en avant l’œuvre d’un créateur ou d’une créatrice francophone dont l’écriture ou la créativité « marque durablement la littérature jeunesse ». Hasard et coïncidence, me voici de mon côté à la fin de ma lecture de sa trilogie autour des filles du siècle avec ce dernier volet, paru cette année… Le contexte de ce roman est toujours le Paris de la fin du XIXème siècle, mais nous découvrons surtout ici Bobigny et son potentiel maraîcher où Louise, à treize ans, travaille la terre. Louise est fière de ce sol riche et prospère, elle aime faire pousser des légumes, mais son maître la bat régulièrement et elle ne tire aucun salaire de son labeur. Alors, lorsqu’elle le suit sur Paris pour vendre au marché, qu’elle rencontre sa mère, domestique dans la capitale, et qu’elle se rend compte qu’une autre vie est possible, Louise se rebelle… Il faut dire que Bernadette, l’amie et le refuge de Bobigny, est aussi attirée par les possibilités du monde parisien, lui même fasciné par ses dispositions de médium. On découvre alors un Paris attiré par la spiritisme, la présence d’Alexandre Dumas, l’existence d’Allan Kardec et de ses disciples. Il est encore une fois très plaisant de plonger aux côtés des adolescentes de Marie Desplechin dans cette période ancienne où le Paris actuel était seulement en devenir et esquissé. On retrouve, dans cet épisode, de nouveau des personnages des anciens volets, ce qui permet de les voir sous un autre angle, ce qui est plutôt amusant. Je termine ce cycle de lectures avec l’envie de suivre plus attentivement encore les productions de Marie Desplechin à l’avenir. J’ai été ravie hier soir d’assister, lors du salon virtuel du slpj, à la table ronde autour de son oeuvre et de voir Agnès Maupré (que j’adore aussi) qui a réalisé l’adaptation du journal d’Aurore.

Editions Ecole des loisirs – 28 octobre 2020

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Mes lectures de… Satin grenadine et Séraphine

Lectures 2020

Séraphine, Marie Desplechin

Je continue ma découverte de la trilogie de Marie Desplechin Les filles du siècle avec ce deuxième volet, intitulé Séraphine. J’ai craqué en effet il y a peu pour cette petite collection de chez Medium Poche dont les couvertures semblent brodées à la main. Vous verrez, avec le troisième volet dont je vous parlerai plus tard, que les couvertures des grands formats sont tout à fait différentes. Je lis les romans dans l’ordre et c’est avec un sourire que j’ai vu apparaître dans ce tome quelques personnages du volet précédent Satin Grenadine. Nous sommes effectivement toujours dans le Paris de la fin du XIXème siècle, mais ici à Montmartre. Séraphine a treize ans, est orpheline et a été recueillie par Jeanne. Le quotidien est rude et sans surprises. Les deux femmes sont penchées toute la journée sur leurs travaux de couture. Heureusement, Séraphine reçoit de temps en temps la visite du père Sarrault, qui a assisté à sa naissance, et de Charlotte, sa tante, qui envahit à chaque visite la modeste maison de son parfum, de ses robes froufroutantes et de sa bonne humeur. C’est elle qui va lui parler de Sainte Rita et de l’arbre magique où sont accrochés à l’aide de bouts de tissu les voeux des habitants de la butte. Car Séraphine veut élargir son horizon, arrêter de coudre, changer de métier. Elle va donc confier son destin à la sainte patronne des cas désespérés et voir avec surprise ses voeux peu à peu se réaliser… Il est encore question de liberté dans ce deuxième tome, où pourtant la misère est très présente. Dans ce Montmartre de 1885, le fameux Sacré coeur est en train de se construire et la population garde un souvenir très fort des massacres de la Commune. J’ai encore une fois aimé me plonger dans ce Paris du XIXème siècle. Séraphine est un personnage très attachant et courageux. Et Marie Desplechin sait manier ici de nouveau le grave et le joyeux, avec tendresse.

Editions Ecole des loisirs – mars 2018

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