Coups de coeur·Lectures 2023

Les audaces de Sophie Germain, Tartaglini & Filipini & Ferrari… ma BD de la semaine !!

lesaudacesdesophiegermain

Le 8 mars : Bulles féministes

Je suis tombée sur cet album lors d’un passage en bouquinerie. Je n’avais jamais entendu parler de Sophie Germain, et je savais encore moins qu’elle était considérée comme la première mathématicienne française. Cette collection, chez Petit à petit, via la forme de docus BD offre des biographies de personnages plus ou moins célèbres. Sophie Adriansen vient de sortir un très bel album sur Nina Simone chez cet éditeur… Sophie Germain naît en 1776 dans une famille bourgeoise. Son père va prendre part à la révolution française. Lors d’un conflit, Sophie, adolescente, va se retrouver confinée dans la grande bibliothèque de son père, et tomber sous le charme d’un livre de mathématiques. C’est un véritable coup de foudre. Au départ, ses parents vont tenter de la détourner de cette passion, puis la soutenir et l’encourager. A l’époque, on pense que le cerveau des femmes n’est pas fait pour l’abstraction et que cela pourrait le déstabiliser, quand ce n’est pas les détourner de leur rôle d’épouse et de mère. Lorsqu’elle a 18 ans, Sophie rêve d’intégrer Polytechnique, mais l’établissement est fermé aux femmes. Sophie Germain refuse de se contenter des « salons pour dames » et de l’amateurisme, elle veut devenir mathématicienne professionnelle. Sophie décide alors d’utiliser, quand cela lui est nécessaire, un pseudonyme masculin, pour entretenir une correspondance par exemple avec des confrères ou récupérer des cours. Elle obtiendra en 1816 le prix de l’Académie des sciences, tout en n’obtenant toujours pas le droit d’assister, en tant que femme, aux séances. Elle n’obtient ce droit qu’en 1823, mais l’accueil est glacial. Heureusement, grâce notamment à son neveu, ses écrits et travaux seront publiés après son décès, survenu en 1831… Sophie Germain a eu le courage d’étudier dans des circonstances difficiles, bourrées d’obstacles, et de s’imposer dans un monde d’hommes. Je suis parfois dubitative face aux volontés pédagogiques des ouvrages, mais je dois dire que j’ai trouvé ce docu BD très bien fait et passionnant. Le rythme entre les planches de dessins et les pages informatives est idéal. On apprend beaucoup et ce n’est jamais ennuyeux, grâce aux formats pastille. Je ne suis pas vraiment tombée sous le charme du graphisme, par contre, mais l’intérêt était ici ailleurs.

planchesophie

Editions Petit à petit – 16 avril 2021

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 3 5

logo

Tous les autres liens sont chez Noukette aujourd’hui 

 

Publicité
Coups de coeur·Lectures 2023

Dans la forêt, Lomig… ma BD de la semaine et un coup de coeur !!

Dans_la_foret

D’après le roman de Jean Hegland

❤ Lorsque je n’ai pas le temps de lire la version roman, je me tourne parfois vers son adaptation BD. Ce qui est en l’occurrence ici un peu ridicule, car le roman concerné est dans ma PAL, enfin quelque part chez moi, et attend mon bon vouloir. Mais une présentation de bibliothèque a remporté la partie et j’ai finalement embarqué cet album… Le lecteur ne saura jamais vraiment pourquoi tout a basculé dans le monde des deux soeurs Nell et Eva, dans cet endroit des Etats-Unis un peu reculé, mais l’électricité a été la première à disparaître, après plusieurs coupures. Puis les gens ont fui, et la nourriture a commencé à manquer à son tour. La famille des deux soeurs est installée dans une maison en bois, au coeur de la forêt. Rapidement, on comprend que la mère n’a pas survécu à une longue maladie. Puis, le père se blesse mortellement. Bref, à l’âge de l’insouciance, et à peine adultes, les deux jeunes filles se retrouvent seules au monde, dans leur chalet, vulnérables, dans un climat hostile. Les visites sont très rares, et peuvent s’avérer dangereuses. Il faut donc tout à coup réfléchir autrement. Nell et Eva décident de reporter leur confiance sur la forêt… Les planches de cet album sont toutes en noir et blanc. Les dessins de la forêt sont absolument magnifiques. On peut peut-être trouver à redire aux traits des personnages, mais je me suis vite familiarisée avec, tant l’histoire est prenante, bouleversante et rude, et au final très belle. Les flash back vers un passé ordinaire rendent d’autant plus impressionnante leur situation présente. Surtout, la passion d’Eva pour la danse. Dans certaines conversations, il est question d’une grippe qui aurait sévi, il est question de restrictions, du temps de l’électricité révolu. Voilà de quoi faire écho en nous, après une période covid éprouvante, et la période actuelle, où des coupures d’électricité étaient annoncées.

planchedanslaforet

Editions Sarbacane – 21 août 2019

 J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 4

logo

Tous les autres liens sont chez Moka aujourd’hui 

Une autre lecture chez… Sabine

 

Lectures 2023

Les contrées salées, Hope Larson & Rebecca Mock… ma BD de la semaine !!

lescontreessalees

Je n’étais bizarrement pas très attirée par la couverture bleu pâle de cet album que j’ai un peu tardé à ouvrir, mais quelle erreur ! Car l’intérieur s’avère immédiatement coloré et punchy. Un délice d’inventivité et de magie… Elber est de retour à la ferme. Il a été au front, en France, et revient blessé, et un peu changé. Vonceil, sa plus jeune soeur, ne le reconnait plus. Et le voici qui se précipite pour épouser Amélia, une jeune femme du coin, un peu trop terne pour le goût d’aventure de Vonceil, et qu’elle n’apprécie guère. Elle aurait préféré qu’il épouse une infirmière française. Et justement, une mystérieuse jeune femme, toute vêtue de blanc, vient d’arriver en ville. Greda débarque à la ferme pour demander des comptes à Elber, mais devant son refus, jette un sort à l’eau du puits. La source ne donnera plus dorénavant que de l’eau salée. Puisque le vieil oncle Dell, un peu toqué, semble en savoir plus qu’il n’y paraît, Vonceil se précipite chez lui, afin de sauver sa famille, qui subit déjà de plein fouet la sécheresse. Mais ce ne sera que la première étape d’une véritable aventure qui la mènera vers un monde de sorcellerie, dont elle ne soupçonnait pas jusque-là l’existence… Les Contrées salées a des allures de conte de fées. J’ai également pensé à Charlie et la chocolaterie, lorsque Vonceil rencontre la sorcière au sucre, Dee. Situant son histoire au début du XXème siècle, Hope Larson, au scénario, a obligé Rebecca Mock à inventer une rencontre visuelle improbable entre rusticité et magie. Pari visuel réussi. Le lecteur adhère à la chevauchée de l’intrépide Vonceil, qui ressortira de cette histoire plus que métamorphosée. Une bien chouette découverte !

planchelescontrees

Editions Rue de Sèvres – 21 septembre 2022

 J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

Tous les autres liens sont chez Noukette aujourd’hui 

Une autre lecture chez… L’île aux trésors

 

Lectures 2023

Les vies dansent ~ Zay, Cuvillier & Giraudet… ma BD de la semaine !!

lesvies

Dans les albums des Editions de la Gouttière, il y a souvent des êtres qui dansent et jouent de la musique. Cet album ne déroge pas à ce qui semble être au final une ligne éditoriale, et un joli trait de caractère. L’album est arrivé dans ma boîte aux lettres, comme à chaque fois, accompagné d’une foison de jolies cartes, ce qui est toujours une petite fête en soi. C’est une maison d’édition, dont j’avais pu constater la qualité d’accueil à Angoulême, et le travail remarquablement soigné… Je suis donc ravie d’avoir demandé et reçu ce titre via la dernière opération Masse critique de chez Babélio, dont je n’ai raté en 2022, encore une fois, aucun rendez-vous. Les Vies Dansent est une bande dessinée muette, mais le lecteur peut tout à fait accompagner sa lecture de la 7e symphonie de Beethoven, que l’on retrouve, grâce à un QR code dans les premières pages. J’ai personnellement préféré effectuer ma lecture sans musique. Même si Beethoven a inspiré visiblement cette histoire, sa musique manque parfois, pour moi, d’un peu de légèreté, et je n’ai pas accroché au mélange écoute/lecture… La jeune Louna, à la chevelure flamboyante, apprécie, elle, la puissance de Beethoven, savoure le plaisir de pouvoir aller sur la plage, et de jouer de son instrument, la flûte traversière. Au loin, Satou vit une vie plus difficile, mais aime particulièrement danser. Les deux jeunes filles ne savent pas encore qu’elles vont bientôt se rencontrer… J’ai été particulièrement séduite par la beauté et la douceur des dessins de cet album qui emporte, permet de voyager, et de tournoyer. Je suis relativement passée à côté de son aspect éducatif, vous l’aurez compris, via une collaboration avec l’orchestre de Picardie, qui manque (à mon avis tout à fait personnel) d’un peu de subtilité. Mais je ne pense pas en être véritablement la cible. Car je comprends malgré tout l’intérêt d’un tel partenariat, et je me souviens avoir découvert par exemple, enfant, les instruments via le conte musical pédagogique Piccolo, Saxo et Compagnie, imaginé par Jean Broussolle et dont la première version discographique, a été publiée en 1957, contée par François Périer. Je me souviens aussi de La vie de Mozart, racontée par Gérard Philipe. J’espère donc que cet album fera découvrir Beethoven à de nombreux enfants.

planchedesvies

Editions de la Gouttière – 3 juin 2022

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 5 5

Lu dans le cadre d’une opération Masse critique Babélio et dans le cadre de la BD de la semaine. Tous les autres liens sont chez Fanny aujourd’hui !

La fiche du livre sur Babélio

Lectures 2022

Les Sisters (17), Cazenove & William… ma BD de la semaine !!

lessisters

Il m’est difficile, habitant en province, d’assister aux rencontres Babélio qui se tiennent essentiellement dans la capitale. Lorsqu’une proposition de rencontre en zoom avec Christophe Cazenove est tombée, j’ai pour autant hésité. Je ne suis pas une grande lectrice du genre d’albums qu’il signe, qui utilisent la mécanique du gag, et mes enfants sont grands. Bref, étais-je vraiment la cible ? Et puis, je me suis laissée tenter, car j’aime toujours en savoir plus sur le travail en amont des auteurs, ici celui de scénariste, et à la réception j’ai finalement beaucoup aimé découvrir ces Sisters adorables. Pour info, ce tome peut tout à fait se lire comme un one shot… Le thème de cet album tourne autour des rêves. Marine, au caractère détonnant, est fascinée par ce sujet. Elle essaye de s’entraîner à en faire de beaux, s’est mise en tête de les attraper tous, voir de les collectionner, surtout depuis qu’un attrape-rêve est accroché dans sa chambre. Et quelle joie d’avoir le premier rôle dans le rêve de quelqu’un d’autre ! Ce nouvel engouement met à mal les soirées de Wendy, sa grande soeur, qui redoute son effervescence et doit se cacher pour organiser des pyjamas party avec ses copines… Comme je vous le disais, j’ai été séduite par ce duo de soeurs, plein de tendresse. Le zoom avec Christophe Cazenove, qui a eu lieu le 24 novembre dernier au soir, s’est avéré également très intéressant. Il nous a expliqué sa manière de travailler, nous a montré l’ébauche des cases qu’il produisait, laissant ensuite la part belle au dessinateur, ici Olivier Williams, qui s’inspire apparemment de ses propres filles. Il nous a expliqué qu’il tenait à laisser s’exprimer les enfants comme des adultes, le personnage de Marine étant traité différemment, en regard de son caractère pour le moins explosif. Les Sisters ont quinze ans d’existence, rencontrent un franc succès en version animée sur Netflix. Je fais seulement leur connaissance, et pour tout dire j’ai refermé cet album avec une grande impression de tendresse.

sistersplanche

Editions Bamboo– 2 novembre 2022

 J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

Tous les autres liens sont chez Moka aujourd’hui 

Lu dans le cadre d’une rencontre Babélio avec le scénariste 

 

Lectures 2022

Le labyrinthe inachevé, Jeff Lemire… ma BD de la semaine !!

Grâce à la reprise des rendez-vous BD de ma bibliothèque, j’ai ramené chez moi quelques nouveautés. Cet album a attiré mon attention car un pull se détricote en couverture, comme un fil d’Ariane. Je ne pouvais pas passer à côté ! Jeff Lemire est l’auteur de Sweet Tooth, dont j’ai vu passer la couverture à plusieurs reprises. Je peux dire d’emblée que les dessins de cet album sont hypnotisants et servent une narration qui l’est également… Will, chef de chantier, est toujours très marqué par la mort de sa fille, survenue dix ans auparavant. Il vit lui même, tel un fantôme. Un appel téléphonique va bouleverser sa vie morne, lui donnant l’espoir insensé que sa fille est toujours vivante, et qu’elle est coincée dans un de ces labyrinthes de papier qu’elle aimait résoudre. A-t-il entendu effectivement la voix de son enfant ? Est-ce une hallucination ? Will, résolu à ne pas laisser passer cette chance et remarquant que le plan de sa ville forme une sorte de labyrinthe, part dans une quête à la fois surnaturelle et salvatrice… Le pull rouge de la fille de Will, évoqué dans les premières pages et sur la couverture est le fil conducteur de cet album où les couleurs se font rares mais sont toujours marquantes. J’ai beaucoup aimé dans ce livre l’utilisation des symboles, les références à la mythologie, mais aussi tout ce qui a trait à la ville, dont Will maitrise parfaitement la structure. Jeff Lemire nous livre ici une image crasse du désespoir et de la souffrance, dont il a fait une oeuvre surnaturelle et libre assez bluffante.

Editions Futuropolis – 24 août 2022

 J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

Tous les autres liens sont chez Fanny aujourd’hui