Coups de coeur·Lectures 2023

Dans la forêt, Lomig… ma BD de la semaine et un coup de coeur !!

Dans_la_foret

D’après le roman de Jean Hegland

❤ Lorsque je n’ai pas le temps de lire la version roman, je me tourne parfois vers son adaptation BD. Ce qui est en l’occurrence ici un peu ridicule, car le roman concerné est dans ma PAL, enfin quelque part chez moi, et attend mon bon vouloir. Mais une présentation de bibliothèque a remporté la partie et j’ai finalement embarqué cet album… Le lecteur ne saura jamais vraiment pourquoi tout a basculé dans le monde des deux soeurs Nell et Eva, dans cet endroit des Etats-Unis un peu reculé, mais l’électricité a été la première à disparaître, après plusieurs coupures. Puis les gens ont fui, et la nourriture a commencé à manquer à son tour. La famille des deux soeurs est installée dans une maison en bois, au coeur de la forêt. Rapidement, on comprend que la mère n’a pas survécu à une longue maladie. Puis, le père se blesse mortellement. Bref, à l’âge de l’insouciance, et à peine adultes, les deux jeunes filles se retrouvent seules au monde, dans leur chalet, vulnérables, dans un climat hostile. Les visites sont très rares, et peuvent s’avérer dangereuses. Il faut donc tout à coup réfléchir autrement. Nell et Eva décident de reporter leur confiance sur la forêt… Les planches de cet album sont toutes en noir et blanc. Les dessins de la forêt sont absolument magnifiques. On peut peut-être trouver à redire aux traits des personnages, mais je me suis vite familiarisée avec, tant l’histoire est prenante, bouleversante et rude, et au final très belle. Les flash back vers un passé ordinaire rendent d’autant plus impressionnante leur situation présente. Surtout, la passion d’Eva pour la danse. Dans certaines conversations, il est question d’une grippe qui aurait sévi, il est question de restrictions, du temps de l’électricité révolu. Voilà de quoi faire écho en nous, après une période covid éprouvante, et la période actuelle, où des coupures d’électricité étaient annoncées.

planchedanslaforet

Editions Sarbacane – 21 août 2019

 J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 4

logo

Tous les autres liens sont chez Moka aujourd’hui 

Une autre lecture chez… Sabine

 

Publicité
Coups de coeur·Lectures 2023

Fille en colère sur un banc de pierre, Véronique Ovaldé… coup de coeur et rentrée littéraire de l’hiver !

Fille-en-colere-sur-un-banc-de-pierre

❤ Je n’avais pas lu de livres de Véronique Ovaldé depuis longtemps mais je gardais un très beau souvenir de mes anciennes lectures et ce titre de rentrée d’hiver me tentait particulièrement. N’est-il pas absolument antigonesque ? Et quelle lecture satisfaisante ! Pour tout dire, je me suis plongée dans l’écriture de Véronique Ovaldé avec le sentiment que c’était ainsi que je voulais écrire, exactement comme ça, avec cette justesse, et cette grande liberté… Aïda vit à Palerme depuis des années, dans un immeuble miteux qu’elle aime mais qu’elle devra bientôt quitter. Un beau jour, sa soeur Violetta l’appelle, pour lui apprendre que le Vieux n’est plus, et l’inviter aux funérailles. Elle décide de se rendre à Iazza, cette île qui l’a vue naître et où habite le reste de sa famille, encore en vie. Aïda est la pestiférée de la famille, celle par qui le malheur est arrivé. Mimi a disparu alors qu’elle n’avait que six ans, un soir de carnaval et son aînée était avec elle, après avoir enfreint l’interdiction paternelle. Aïda retrouve sa mère et ses soeurs, mais aussi Léonardo, son ancien amant. Et elle observe beaucoup, ce qui a changé, et ce qui est resté intact, les rôles assignés depuis l’enfance, la dégradation, les mensonges et les silences, tout ce qui se joue dans une famille et dans l’univers clos d’une île… Ce que j’aime dans l’écriture, dans le style de Véronique Ovaldé, est cette impression qui naît de ses mots de suivre une pensée, le flux d’une conscience. Nous sommes loin d’une écriture académique et pourtant chaque mot est juste, à sa place et bien choisi. J’ai parfois souri devant l’utilisation d’un adjectif original ou devant certaines remarques sur la vie, les liens et la famille. J’ai ressenti beaucoup d’empathie pour le personnage d’Aïda. Ce n’est pas si souvent que l’on prend un tel plaisir à lire un roman. Merci à elle donc ! Et je me rends compte à présent que j’ai omis de lire ses deux ou trois derniers livres. Où avais-je donc la tête ? De quoi me rattraper donc après ce très beau coup de coeur de rentrée de janvier !

« La mer est comme un sirop, onctueuse et amniotique. C’est une eau qui vous porte et vous lave de vos douleurs. Aïda n’avait pas nagé depuis quinze ans. Comment avait-elle pu s’en passer ? On est le lendemain de l’enterrement du Vieux. Il est sept heures du matin. Elle s’est couchée tôt la veille, ou du moins elle est montée tôt dans sa chambre, elle a lu son livre de physique quantique pour les nuls, il y avait encore du monde dans la Grande Maison, éclats de voix et quelques rires, on en avait terminé avec les chuchotis et la commisération, dernière phase des obsèques. Elle était montée parce qu’elle avait fini par se sentir comme un scarabée au milieu d’un plat de crème. »

Editions Flammarion –  4 janvier 2023

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 4 2 3 4 

Tout Véronique Ovaldé sur mon ancien blog [ici]

Coups de coeur·Lectures 2023

Flagrant déni, Hélène Machelon… coup de coeur et rentrée littéraire de l’hiver !

flagrant-deni-

❤ Un grand merci à Aurélie Barlet, fantastique libraire à « La Pléiade » de Cagnes-sur-mer, d’avoir parlé de ce livre, et de lui avoir permis un débarquement rapide dans ma boîte aux lettres. Déjà son billet était bouleversant et intrigant. J’ai ensuite adoré me faire bousculer par ce roman… Juliette, élève en terminale, dans la banlieue de Nice, est prise un soir d’été d’un terrible mal de ventre, alors qu’elle lisait tranquillement sur son lit. Elle tente de reprendre sa lecture, mais la douleur la terrasse de plus belle. Accompagnée de sa mère, elle se rend aux urgences. En réalité, Juliette accouche, d’un enfant qu’elle n’attendait pas, un être qui n’existait pas encore il y a quelques heures, caché contre sa colonne vertébrale. Choquée, sidérée, la jeune fille refuse cet enfant, cet « Autre » qui vient bouleverser sa vie d’adolescente et de bonne élève. Dans la famille, c’est également le cataclysme.  Rafael, le père, Agnès, la mère, et Chloé, la jeune soeur, font face, ensemble, prêts déjà en silence à accueillir cet enfant, si jamais… Mais la lycéenne, elle, jongle avec des sentiments variés : le rejet, la colère, l’incompréhension. Elle doit intégrer bientôt une prépa renommée. L’adoption semble la voie la plus évidente. Depuis des années, Juliette est dans l’agressivité, surtout avec sa mère. Comment accueillir l’amour ? Agnès attend, choisit l’espoir, et accompagne sa fille, qui sombre petit à petit… Le sujet du déni de grossesse est traité dans ce roman avec une grande justesse. Le lecteur ne peut que s’approprier cette histoire qui semble pouvoir arriver à tout le monde, et débarque là dans une famille ordinaire. J’ai beaucoup aimé qu’aucun des personnages ne soit traité de manière manichéenne. Les relations interfamiliales sont posées là dans toutes leurs complexités habituelles. Et il paraît naturel d’être déstabilisé par cette situation extraordinaire. J’ai eu beaucoup d’empathie pour le personnage de la mère, fragile, et pourtant solide dans la tempête. Un livre dévoré.

Editions La Dilettante –  4 janvier 2023

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 4 2 3 4 

 

Coups de coeur·Lectures 2023

Anne et sa maison de rêve (Anne de Green Gables t5), Lucy Maud Montgomery… coup de coeur !

Traduit de l’anglais (Canada) par Laure-Lyn Boisseau-Axmann

❤ Avec ce tome 5 des aventures d’Anne de Green Gables, Lucy Maud Montgomery effectue un véritable virage narratif… et j’ai eu un beau coup de coeur pour cette nouvelle histoire, très dépaysante. C’est effectivement en tant qu’adulte, plus que jamais responsable, que nous accompagnons Anne dans son installation, avec Gilbert, à Glen St. Mary, dans un village de pêcheurs où le jeune homme va pouvoir exercer la médecine. Ils ont trouvé là un havre de paix, une petite maison entourée d’arbres et située près d’un ruisseau. De nouveaux personnages apparaissent, le Capitaine Jim, qui connaît plein d’histoires, Leslie, leur magnifique voisine à la vie si triste, et aussi Mademoiselle Cornelia qui a des opinions bien tranchées sur les hommes. Anne n’exerce plus le métier de professeure, elle est avant tout l’épouse de Gilbert, une voisine que tout le monde apprécie, et une future mère. Bien que cherchant à être respectée, elle peut, dans cette contrée sauvage que le jeune couple a choisie pour installer leur foyer, être elle-même, et danser sur les falaises, sans se soucier d’être prise pour une folle… J’ai beaucoup apprécié, dans ce nouvel opus, qui peut au final se lire individuellement, rencontrer de nouveaux personnages, aux histoires complexes et aux personnalités attachantes. Anne a bien grandi et s’attache désormais à son entourage, bien plus qu’à ses propres émotions. J’ai beaucoup apprécié également l’univers maritime de ce tome, et que l’écriture d’un livre soit au centre de son récit. C’est un livre très romanesque, et qui est, avec le premier volet, pour l’instant mon préféré de la saga.

Editions Monsieur Toussaint Laventure – juin 2022

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 4 2 3 4 

 

Coups de coeur·Lectures 2022

L’archiviste, Alexandra Koszelyk… coup de coeur !

archiviste

❤ J’ai acheté le dernier roman d’Alexandra lors d’un voyage à Brest, à la librairie Dialogues. Et c’est toujours une émotion de voir ainsi en bonne place les livres d’une copine de blog, devenue à présent une autrice confirmée, alors que je participais autrefois à son atelier d’écriture sur internet. Quel chemin parcouru ! … Dans ce roman à la couverture bleue et jaune, Alexandra évoque l’Ukraine, le pays de ses ancêtres, malmené par la guerre. Son personnage principal est une jeune femme, K., archiviste. Souvent seule, veillant tard, passionnée par son travail, elle a pour tâche de protéger des œuvres d’art mises à l’abri. Le reste de son temps, elle le passe auprès de sa mère, dont la santé semble se dégrader, après sa dernière attaque cérébrale. Etant sans nouvelles de sa sœur jumelle Mila, K. a décidé de mentir, pour ne pas perdre espoir et préserver sa mère. Un jour, elle reçoit à la bibliothèque la visite de l’homme au chapeau, un personnage énigmatique, mais qui est sans conteste du côté de l’ennemi. Il lui demande de falsifier des documents ukrainiens importants, fondateurs, afin de tenter de modifier l’Histoire et la perception future de cette guerre. Pour arriver à ses fins, il utilise le chantage. Mila serait entre leurs mains. D’abord atterrée par ce qui lui est demandé de faire, K. découvre en elle des ressources dont elle n’imaginait pas l’existence…  Même si le roman d’Alexandra Koszelyk se confronte, bien sûr, à la barbarie d’un pays envahi et traumatisé, il nous entraîne aussi dans ce qui fait sa beauté. En effet, les falsifications dont K. se charge nous permettent à chaque fois de découvrir un artiste, de voyager quelques temps avec lui dans sa poésie, ses rêves et sa vérité. Les fantômes de l’Ukraine veillent. Et j’ai vraiment adoré être ainsi emportée dans une atmosphère mêlant fantastique, démarche artistique et rêveries, et qui a littéralement fait battre mon coeur un peu plus vite. Ce livre est vraiment très beau, d’une grande force poétique, et rend hommage au courage plein d’espoir des ukrainiens. 

 Editions Aux forges de Vulcain – 7 octobre 2022

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

Une interview de l’autrice par ici [clic]

Coups de coeur·Lectures 2022

Clara lit Proust, Stéphane Carlier… coup de coeur !

Clara-lit-Proust

❤ J’aime quand on me prête des livres, et que cela bouscule un peu mes prévisions de lecture. D’autant plus quand il s’avère que le livre est bon et qu’il fait battre mon coeur… Clara travaille dans un modeste salon de coiffure d’une petite ville de Saône-et-Loire. Sa vie est paisible, quoiqu’un peu terne, entre un copain avec lequel il ne se passe plus grand chose et des collègues lunatiques. Un jour, un client laisse un exemplaire du premier volet d’A la recherche du temps perdu de Proust sur une des tablettes, et Clara s’approprie l’exemplaire, comme un signe, et commence à le lire. Cette lecture est une révélation et devient rapidement une addiction.  On peut même dire que ce livre est en passe de changer la vie de la discrète et respectueuse Clara. Et Stéphane Carlier décrit très bien comment lire Proust réclame au départ une adaptation. Les phrases semblent trop longues à la jeune fille qui s’accroche et finit par ne plus lâcher le livre. Petit à petit, lire Proust lui devient essentiel. Clara voit à présent le monde via le prisme de l’écrivain et ses relations avec les autres changent, imperceptiblement. J’ai retrouvé dans ce roman mes propres sensations de lecture de Proust (contrairement à mes envies du moment, je n’ai pour autant pas dépassé le premier tome). Et c’est un régal de rencontrer ainsi un personnage qui découvre le plaisir de la lecture, mais également le plaisir de découvrir une belle écriture. Peu d’auteurs font cet effet là. J’ai aimé aussi quand Clara, par exemple, s’extraie d’un moment en famille, en prétextant un mal de ventre, pour continuer son livre. Il n’y a rien de plus beau que quand la lecture est un tel rendez-vous, impératif… Ce roman parlera aux amoureux de la lecture, et fait un bien fou, ne vous en privez pas.

« Plus elle le lit, mieux elle le comprend. Il n’emploie pas de mots compliqués, c’est juste que ses phrases, souvent, vont voir ailleurs. Une fois qu’elle le sait, qu’elle a compris qu’il ne l’abandonne pas mais reviendra la chercher, ça va tout seul. »

 Editions Gallimard – 1er septembre 2022

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

Une autre lecture chez… Light and smell