Lectures 2023

Le mage du Kremlin, Giuliano Da Empoli

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Quand on m’a proposé de me prêter ce « roman » j’ai hésité car son sujet me tentait peu, mais comme la curiosité est un trait de mon caractère et qu’il est toujours intéressant de comprendre pourquoi un livre a autant de succès, j’ai lamentablement cédé… Ce n’est pas comme si ma PAL ne regorgeait pas de livres à lire, nous sommes d’accord. En réalité, j’ai compris assez rapidement que ce texte pouvait laisser à penser qu’une incursion dans le cerveau de Poutine, une incursion dans ses motivations, était possible. En avais-je envie ? Pas réellement. Mais le biais choisi par l’auteur est intéressant. Car c’est surtout avec le « spin-doctor » du chef du Kremlin que le lecteur fait connaissance, et c’est un personnage aussi énigmatique, que cultivé, que glaçant et que malheureusement attachant… L’énigmatique Vadim Baranov entre en scène dans la vie de Poutine par l’intermédiaire d’un ami, producteur de télévision, persuadé qu’après Eltsine, le peuple russe a besoin d’un homme comme cet employé du contre espionnage russe à la tête de l’Etat. Devenu l’éminence grise d’un Poutine, élu grâce à lui et à ses acolytes, Vadim se retrouve au coeur même du pouvoir, fort de son intelligence et de son détachement. Peu importe qu’il approuve ou non les décisions de son chef, il fera en sorte que les résultats soient là. Mais qu’est-ce que cet écrivain éclairé, ce poète amoureux de l’Europe, est venu faire dans cette galère ? Organiser la cérémonie d’ouverture des jeux ? Fréquentant les oligarques et les courtisans pour mieux les tenir, Vadim finit par avoir le vertige devant ce qu’il est arrivé à construire, mais aussi à détruire… Contre toutes attentes, j’ai été passionnée par ce roman. Je me suis à maintes reprises posée la question de l’authenticité des situations. C’est un récit que l’on voudrait mensonger tant Poutine est un personnage qui donne froid dans le dos. J’ai pour autant particulièrement aimé comment l’auteur nous expliquait la spécificité de l’histoire russe, l’état d’esprit de son peuple, sur lequel on projette bien trop régulièrement notre propre point de vue d’occidentaux. Vadim Baranov fait souvent référence à son héritage culturel et familial. Et j’ai repensé à tous ces romans russes lus autrefois. On ressort de ce livre bavard avec des sentiments partagés, et aussi avec celui d’un immense gâchis.

 

Editions Gallimard – avril 2022

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

Une autre lecture chez… Sin City

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Lectures 2023

Harry Potter et le prince de sang-mêlé, JK Rowling

harryTraduit de l’anglais par François Ménard

J’en étais restée au tome 5 de la saga Harry Potter, et il me tardait de la continuer. En effet, je me retiens depuis de regarder l’adaptation filmée pour éviter de me spoiler. J’ai attendu un peu plus d’un an. On m’a proposé dernièrement de me prêter les tomes 6 et 7, j’ai donc sauté sur l’occasion. Ces volumes sont de gros pavés, que j’avais pour autant très envie d’insérer dans mon programme de lecture chargé… L’intrigue du volume 6 commence cette fois-ci un peu différemment des tomes précédents. On retrouve Harry, chez les Dudley, seulement au chapitre 3. Auparavant, le lecteur fait une incursion dans un ministère de la magie troublé et auprès d’un professeur Rogue sommé de prendre position devant la famille Malfoy. Dumbledore vient chercher Harry Potter chez son oncle et sa tante, chez qui il séjourne chaque été, pour se rendre chez les Weasley avant la rentrée. Il apprend à son élève qu’ils auront cette année scolaire des séances individuelles, afin de percer le mystère Voldemort et pouvoir ainsi le contrer. Depuis la révélation de la prophétie, le danger est évident et l’issue forcément fatale. Harry se rend compte combien un système de protection fort a été mis en place un peu partout et notamment à Poudlard. Depuis que l’on sait que Voldemort est effectivement revenu, plus aucun sorcier ne se sent en sécurité. Harry est toujours très affecté par la disparition de son parrain Sirius Black mais il peut compter sur le soutien de la famille de Ron, et sur ses amis, et bien sûr sur Dumbledore, qui l’entraîne pour autant vers des contrées dangereuses et dans les souvenirs d’un certain Tom Jedusor, un jeune homme beau et élégant, pâle et séduisant… J’ai trouvé ce tome de la saga très sombre, éclairé cependant des émois amoureux des protagonistes qui ont bien grandi et quitté l’enfance, à l’aube de leurs dix-sept ans. Les séances de souvenirs entre Dumbledore et Harry sont pour autant passionnantes et apportent un univers presque gothique à l’ensemble de ce tome, qui se termine sur une scène étonnante, qui m’a donné envie d’enchaîner immédiatement avec le tome 7, ce qui n’est pas prévu dans l’immédiat, mais on parie que je trouverai de quoi glisser un pavé entre deux lectures bientôt.

 Editions Folio Junior – octobre 2017

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 3 5

Mes lectures de la saga sont à retrouver ici

Coups de coeur·Lectures 2022

Clara lit Proust, Stéphane Carlier… coup de coeur !

Clara-lit-Proust

❤ J’aime quand on me prête des livres, et que cela bouscule un peu mes prévisions de lecture. D’autant plus quand il s’avère que le livre est bon et qu’il fait battre mon coeur… Clara travaille dans un modeste salon de coiffure d’une petite ville de Saône-et-Loire. Sa vie est paisible, quoiqu’un peu terne, entre un copain avec lequel il ne se passe plus grand chose et des collègues lunatiques. Un jour, un client laisse un exemplaire du premier volet d’A la recherche du temps perdu de Proust sur une des tablettes, et Clara s’approprie l’exemplaire, comme un signe, et commence à le lire. Cette lecture est une révélation et devient rapidement une addiction.  On peut même dire que ce livre est en passe de changer la vie de la discrète et respectueuse Clara. Et Stéphane Carlier décrit très bien comment lire Proust réclame au départ une adaptation. Les phrases semblent trop longues à la jeune fille qui s’accroche et finit par ne plus lâcher le livre. Petit à petit, lire Proust lui devient essentiel. Clara voit à présent le monde via le prisme de l’écrivain et ses relations avec les autres changent, imperceptiblement. J’ai retrouvé dans ce roman mes propres sensations de lecture de Proust (contrairement à mes envies du moment, je n’ai pour autant pas dépassé le premier tome). Et c’est un régal de rencontrer ainsi un personnage qui découvre le plaisir de la lecture, mais également le plaisir de découvrir une belle écriture. Peu d’auteurs font cet effet là. J’ai aimé aussi quand Clara, par exemple, s’extraie d’un moment en famille, en prétextant un mal de ventre, pour continuer son livre. Il n’y a rien de plus beau que quand la lecture est un tel rendez-vous, impératif… Ce roman parlera aux amoureux de la lecture, et fait un bien fou, ne vous en privez pas.

« Plus elle le lit, mieux elle le comprend. Il n’emploie pas de mots compliqués, c’est juste que ses phrases, souvent, vont voir ailleurs. Une fois qu’elle le sait, qu’elle a compris qu’il ne l’abandonne pas mais reviendra la chercher, ça va tout seul. »

 Editions Gallimard – 1er septembre 2022

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

Une autre lecture chez… Light and smell

Lectures 2022

L’Enfant et le Maudit T1, Nagabe (Manga)

lenfantetlemaudit

Voici le deuxième manga que mon fils me prête, après Look Back. La lecture de droite à gauche n’est définitivement plus un problème. Je retrouve à chaque fois l’univers de mon fils dans ces prêts, ce qui est amusant. Cela dit, j’ai vraiment bien aimé ce manga là qui, comme il me l’a dit, est plus proche d’un univers BD plus classique et surtout plus lent. Il a pensé qu’il pourrait me plaire, et il a eu raison… L’histoire ? Dans un temps difficile à situer, on imagine très ancien, et dans une contrée forcément lointaine, imaginaire, cohabitent deux mondes, celui de « L’intérieur’ où vivent ceux qui se considèrent comme humains, et « l’extérieur’, où vivent des créatures monstrueuses qu’il ne faut surtout pas toucher, au risque d’être contaminés et de subir la malédiction. Dans une maison, au fond des bois, cohabitent pourtant une petite fille, abandonnée et confiée à un monstre, qu’elle ne doit surtout pas toucher… Les dessins très fins de ce manga, sa lenteur, sont très agréables. La petite fille est la tache de blanc qui illumine la narration. Sa blancheur et sa candeur viennent contraster avec la guerre qui fait rage entre les humains et les monstres. J’ai beaucoup aimé l’histoire racontée, les mystères qui entourent cette cohabitation étrange, le lien qui semble s’être noué entre le Maître et l’enfant. Au terme de la lecture de ce premier tome, le lecteur n’a qu’une envie, enchaîner avec le second. A suivre donc…
A la Japan Expo, qui se tient à Paris du 14 au 17 juillet, sera présenté en avant première une adaptation de cette série.

 

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Editions Komikku – mars 2017

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

 

 

Lectures 2022

Ecoute la pluie tomber, Olivia Ruiz

J’avais lu il y a quelques temps le premier opus d’Olivia Ruiz, La commode aux tiroirs de couleurs, découvert grâce au prêt d’une collègue, et qui s’était révélé être une bien jolie surprise. La même collègue m’a prêté son nouveau roman, comment résister ?… On aimerait bien, en cette journée de canicule, entendre la pluie tomber, comme le surnom d’Escouto, l’amant trop jeune de Carmen, qui donne son titre à cette histoire. De mon côté, j’ai eu un peu peur, je dois l’avouer, dans les premières pages, de friser la déception. L’écriture m’a parue en effet d’emblée trop rapide, trop elliptique, les caractères typographiques trop grands, de ceux qui amènent le doute sur un roman, écrit peut-être précipitamment ? Etions-nous en face du syndrome du second roman ? Et pourtant, et heureusement, sa poésie m’a entraînée, et je ne voulais pas m’avouer si vite vaincue. Au départ, le lecteur comprend que Carmen vient de perdre sa nièce adorée, Cali, mais pas vraiment pourquoi il est question d’un emprisonnement… Un très grand flash back remet tout en place. La vie de ce clan de soeurs à la tête d’un café s’éclaire, le rôle de Carmen, la plus jeune, la plus fantasque et la plus inconsciente aussi. Nous sommes à Marseillette, dans les années 60-70, et quand cette dernière suit l’élan de son désir pour Antonio, le madrilène, et qu’elle part pour l’Espagne, sa terre natale, elle ne sait pas dans quel guêpier elle vient de se mettre ni combien sa fratrie, à l’abri en exil, va en payer le prix… Au final, j’ai beaucoup aimé ce nouveau roman d’Olivia Ruiz, dans lequel on retrouve son énergie, son phrasé rapide (c’est vrai), mais aussi tout un univers sensuel et dangereux très attachant, qui ne se complaît pas dans la facilité ni le bien pensant. Elle pose là, sur le chemin de son écriture, un second petit caillou, différent j’ai trouvé de son roman fleuve précédent, mais bien intéressant, et plein d’échos en réalité (des personnages reviennent). A suivre, donc.

Editions Jc Lattès – 11 mai 2022

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

 

Lectures 2022

Look Back, Tatsuki Fujimoto… ma BD (mon manga) de la semaine !!

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Depuis le temps que mon fils me tanne pour que je lise des mangas, il a enfin trouvé le truc qui marche à coup sûr, en poser un sur ma PAL, un dont la couverture pourrait me faire penser à lui, et titiller ma curiosité. En plus, c’est un one shot m’a-t-il dit. J’ai bien un peu frisé du nez mais je lui ai promis d’essayer. A ma grande surprise, la lecture de droite à gauche, que je pensais être mon frein principal, ne m’a causé en réalité aucun problème… Nous faisons tout d’abord la connaissance de Fujino, une jeune adolescente passionnée, qui croit en son talent et gribouille des strips humoristiques pour le journal de son école. Bientôt, elle va être rejointe dans les colonnes de ce journal par Kyômoto, qu’elle n’a jamais vue, mais dont le talent pour dessiner les décors, les extérieurs, est évident. Paradoxalement, cette jeune fille ne vient pas à l’école car elle se terre dans sa chambre. C’est une Hikikomori. Un lien va se créer entre les deux jeunes filles qui vont unir leurs énergies créatrices. Au collège, elles participent à un concours qu’elles gagnent haut la main. Kyômoto s’ouvre au monde. Mais un drame va les séparer brutalement, laissant Fujino seule… Si vous avez envie de rentrer dans l’univers des mangas, ce titre est idéal. C’est un bon choix de mon fils. Car, même si je suis toujours un peu perplexe devant certains codes narratifs, la rapidité de certaines pages, l’expression des personnages, cet univers rencontré par ailleurs au travers des animations que mes enfants aiment regarder, l’histoire sait ici prendre aussi son temps, oublier les bulles, s’appuyer seulement sur les images. J’ai aimé particulièrement ces moments où les personnages dessinent, très réalistes et doux, ces postures de dos reprises en couverture. Une bien jolie introduction pour moi dans un univers dont je vais sans doute vous parler de nouveau, à l’occasion. Parions ensemble que j’aurai d’autres propositions de lectures.

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Editions Kazé éditions – 9 mars 2022

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

 

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