Géographie de la peur, Claire Castillon

Fait assez rare pour le souligner, il m’a fallu seulement lire le billet de Cathulu sur ce livre pour qu’aussitôt je le réserve sur le site de ma librairie habituelle. Il faut dire que j’avais déjà lu Claire Castillon, à plusieurs reprises, et que je savais où je mettais les pieds, même si nous sommes ici dans une collection pour adolescents. Qu’il n’y aurait pas de fausse légèreté, ni de faux semblants dans son écriture. J’ai donc interrompu mon autre lecture en cours pour dévorer ce titre, en un après-midi, avide d’en savoir plus sur les pathologies de Maureen, le personnage principal, pathologies si similaires à celles que vit quelqu’un qui m’est proche… Alors qu’elle s’apprêtait à vivre son premier jour d’études à la fac, Maureen n’a pas pu dépasser le stade du hall et est restée prostrée là une partie de la journée. Pour la première fois, elle « se détache ». Une première fois suivie par de nombreuses autres, rendant les sorties à l’extérieur très difficiles. Dans ces cas-là, elle s’agrippe en général au premier bras venu, par peur de tomber plus bas. Elle décrit un voile, puis l’imagination et le réel qui s’emmêlent, l’impression que son cerveau mène une danse qu’elle ne maîtrise pas. Maureen est partie pour un enfer de plusieurs mois, confrontée aux sentiments partagés de sa famille et aux réactions d’incompréhension de son cercle amical. « Tu as encore ton truc ? », lui disent ceux qui s’impatientent. Son attitude est gênante. Elle l’est. Maureen en a conscience. Mais que peut-elle bien faire d’une agoraphobie qu’elle ne gère pas ? Seul Jérôme, un ami, est resté dans les parages, s’intéressant à son « truc », cherchant avec elle des solutions. Sa mère est toujours là aussi, pour la récupérer en voiture, alors qu’elle appelle à l’aide, accroupie souvent sur un bout de trottoir, même si elle râle. Mais comment sortir de ce cercle infernal ?…  Comme je le pensais, Claire Castillon sait dans ce livre décrire avec justesse les difficultés de Maureen, de l’intérieur. Et c’était assez troublant à lire. J’y ai trouvé beaucoup d’intérêt. On y remarque le rôle assez extérieur des parents, le rôle par contre important du cercle amical et du psy qu’elle consulte. Maureen cherchant la lumière au delà du voile, elle finit par trouver des biais pour s’en sortir. J’ai trouvé cette partie un brin frustrante, rapidement balayée. J’imagine que je pensais y trouver des solutions. Mais j’aime beaucoup comment Claire Castillon explore le monde psychique dans ses oeuvres. Je ne l’avais plus lue depuis longtemps. Une erreur à réparer.

« Je dois être câblée de travers. Chaque fois qu’une personne normale réussit quelque chose dans sa vie, comme tomber amoureuse de son psy pour guérir, obtenir un stage, choper un job d’été, choper un mec, moi, pendant ce temps, je suis en panique sur l’autoroute de la peur. »

Scripto – février 2024

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…