© Sabine Faulmeyer
Il y a du monde dans cette impasse, et surtout au creux de tes poches. Tu sens les cailloux pointus que tu y as mis user leur tissu. Tu aimes jouer sur le bitume gris avec les enfants aux boucles blondes, à l’odeur de vanille, aux doigts doux, qui tournent autour de toi en ce moment même, en riant aux éclats. Toi la plus grande. La confiance qu’ils te portent. Leurs yeux ronds. Les jeux que tu inventes. Ce que tu sais faire. Te mettre à leur place. T’accroupir au milieu d’eux. Ta bande. Tu imagines parfois la mère que tu seras. Si on t’en laisse le choix. Des petits à toi à chérir. Plus tard. D’autres cailloux griffent la peau de tes genoux alors que tu remets en place une chaîne de vélo. Un tricycle te rentre dans le dos. Ils ont l’amour tapageur et rude, les enfants des autres. Mais tu les laisses faire. Grâce à eux tu connais les limites de ton corps, et surtout tu n’as pas à savoir si tu es belle ou non. Ils te le disent avec des sons, avec de la bave plein leurs baisers. Ils te le disent quand ils crient ton nom pour que tu viennes les rejoindre. Parfois, tu les emmènes avec toi un peu plus loin, pour une plus grande promenade. Le soulagement des mères qui te laissent pour un temps leur marmaille à charge est palpable. Et tu aimes ça, cette ribambelle qui te suis, comme si tu étais une blanche neige moderne, en short et couettes. Je crois que ça te donne du courage. Les cailloux de tes poches, tu les égrènes alors sur la route, le long de la rivière, là où tu aimes aller. Pour qu’un jour on te retrouve. Frêle idée qui poursuit en toi son chemin. Que l’on te retrouve. Que quelqu’un te sorte de là. Que l’on vienne te chercher.
Un texte rédigé dans le cadre de l’atelier d’écriture de Alexandra K sur une photo du merveilleux Petit carré jaune
Très belle réécriture du Petit poucet … Là, ce serait la grande poucette (ou Blanche Neige, oui, tu as raison.) Nous sommes tous plus ou moins des personnages de conte, avec leur effroi dans le creux des poches.
Chez toi Antigone, il y a cette idée d’enfermement qui est toujours dans ton écriture, et je me rends compte en écrivant cela que ton pseudo est un symbole très puissant. L’Antigone, l’emmurée.
Bon, je ne développe pas plus, ce n’est pas l’endroit, mais un jour j’aimerais beaucoup te parler de vive voix. Ne serait-ce que pour parler écriture. (C’est par ce biais que je t’ai découverte voici 10 ans, non ? 🙂 )
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Tout à fait Alexandra ! J’écrivais beaucoup plus à une époque. 😉 Ce serait génial de parler écriture avec toi de vive voix. Et sinon beaucoup de thèmes reviennent oui, comme des obsessions.
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Beau texte, chaud, qui crée une ambiance chaleureuse et bienveillante de l’enfance. Et puis cette fille ou plutôt presque un garçon manqué, la référence au petit poucet… Très sympa ! Bravo.
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Merci beaucoup ! Les filles aussi mettent des cailloux dans leurs poches et s’abîment les genoux, enfin autrefois elles le faisaient. 😉
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Quelle jolie réécriture! J’ai adoré l’atmosphère de ton texte!
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Oh merci beaucoup ! 😉
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Quelle belle écriture! Conte et réalité se mêlent avec beaucoup d’élégance.
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Merci 😉
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Quel bonheur de retrouver ta plume Antigone ! Comme toujours tu m’as entraînée dans un monde que tu sais rendre universel. J’y ai vu plusieurs sens possibles à ton histoire et il y en a toujours un qui a ma préférence tellement il résonne en moi. Et puis tu nous laisses là, avec nos propres interprétations et l’écrivaine que tu es s’en va à petits pas… La lectrice que je suis adorerait un jour te lire sur un manuscrit… je dis ça, je dis rien 😉 Bravo et merci encore pour cet instant très fort de lecture que tu nous as offert ce mois ci ! des bises
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Rhooo et quel bonheur de retrouver ta lecture toujours aussi enthousiaste Nady ! J’étais inspirée. Merci à toi !
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Très joli texte, j’aime beaucoup…
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Merci beaucoup !
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Une très jolie lecture, douce et un peu cruelle aussi, je lis comme une souffrance qui ne veut pas dire son nom…
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Oui Manue c’était ma manière de mettre un peu d’intensité ! 😉
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Très beau texte plein de poésie et de mélancolie à peine retenue. J’aime la finesse des phrases. Bravo.
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Merci beaucoup Cloud ! 😉
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Quel plaisir de retrouver ta plume 😉 !
A la lecture de ton texte, plusieurs sentiments m’assaillent, mélange de douceur, bienveillance, mais aussi de tristesse et de solitude aussi. Bravo pour l’idée et ta façon délicate de la développer 😉
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Merci beaucoup pour ta lecture Josplume ! 😉
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Très beau texte, un talent que j’envie grandement !
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Oh merci Géraldine ! ❤
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La fluidité du texte nous embarque dès la première phrase. J’ai trouvé le récit doux et prenant, voire immersif. La solitude qui en émane, palpable et l’ensemble émouvant. C’est du bel ouvrage. Vraiment.
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Oh merci beaucoup ! 😉
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On se retrouve un peu en de multiples sentiments à travers cette « grande soeur » si bienveillante, qui protège et anticipe, et surtout aime être entourée, être aimée c’est si bon ! j’ai beaucoup aimé ce conte, revisité, merci à toi pour ce doux voyage
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Oh merci beaucoup !
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