Lectures 2018

Ripeur, Jeff Sourdin

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J’ai acheté ce titre lors du festival Rue des livres de Rennes sur la bonne foi d’Enna qui connaissait l’auteur. Et je dois dire que ce minuscule roman (par son format seulement) s’avère une bienheureuse découverte ! Il ne faut pas se fier à la taille des livres, en réalité. L’histoire ? Dimitri, 27 ans, habite à Ernée, en Mayenne, ville sans charme qu’il a choisi essentiellement pour son aspect pratique. Ernée est la ville de départ des camions poubelles. Oui, car Dimitri est éboueur, même si lui préfère dire « ripeur », plus poétique. Dimitri a conscience qu’il effectue une tâche considérée comme ingrate, peu populaire, surtout auprès des filles, mais lui y trouve son compte. Il a pris ce travail après avoir abandonné ses études de sociologie à la fac. Et tandis qu’il saute du camion sur un rythme régulier, il réfléchit à sa vie justement, à ce qu’elle est devenue, routinière, sans grand avenir, solitaire. Les heures passées à l’arrière de la benne lui laissent le temps de méditer, mais sa fonction l’oblige aux horaires décalées qui ne donnent par contre elles peu de place à l’amour. La raison pour laquelle son ancienne petite amie est partie. Alors, lorsqu’il rencontre Marie, nouvelle recrue de la médiathèque d’Ernée, Dimitri ne sait pas si il doit croire encore au bonheur… Jeff Sourdin a une très belle écriture, très poétique, qui prend le lecteur dans ses filets dès les premières pages. On se met très vite aussi à la place de ce jeune homme, coincé par l’habitude et les choix de vie « par défaut », dans une profession qui satisfait au moins ses besoins primaires. J’en suis venue personnellement à regarder différemment mes sacs en les déposant hier au soir sur le trottoir, à penser à ceux qui parcourent les villes avec cette vision là en tête, la cartographie de nos déchets. Un très beau premier roman, qui promet beaucoup pour la suite, puisque l’auteur a sorti d’autres titres dans la même maison d’édition rennaise, et que je compte bien retourner à Rennes !

Editions La part commune – février 2010 – 

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

D’autres lectures chez… Clara, Enna, Gambadou et Sylire

« La solitude est une compagne silencieuse et singulière, une bête à deux têtes, un monstre qui sommeille en nous. De prime abord, elle apparaît irrésistiblement séduisante, son arrivée est une fête, longtemps désirée. C’est la compagne idéale : elle s’accommode de nos risibles habitudes et remplit nos pauvres vies. Elle partage nos soirées, ne dit rien contre deux ou trois verres de vin en semaine et se couche toujours de l’autre côté du lit. Elle ne prend d’ailleurs, presque pas de place au lit.
Je n’ai que vingt-sept ans mais de cette compagne singulière, j’ai appris à me méfier pourtant. Une face obscure, une face claire, la solitude a l’art d’assaisonner nos pauvres vies et d’assassiner nos maigres envies. »

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