Traduit de l’italien par Danièle Valin
J’avais été absolument fascinée par ma lecture de Au nom de la mère de Erri de Luca. Mais j’ai également lu Trois chevaux, que je possède dans ma bibliothèque. C’est donc avec enthousiasme que j’ai acheté ce livre, lors d’un passage à la bouquinerie solidaire de ma ville, « Aux bouquins frappés ». Il s’avère que ce titre est en réalité un recueil de nouvelles. J’ai eu un peu de mal à rentrer dedans, je n’ai pas apprécié tous ses textes, mais j’ai retrouvé graduellement, et avec plaisir (au final) l’écriture de Erri de Luca. Le format des nouvelles n’est pas toujours l’idéal pour rencontrer un auteur… De toutes les petites histoires que Erri de Luca nous présente, j’ai retenu par exemple cette fille, ce personnage, rencontré par le narrateur dans une manifestation, et qui jure de se couper les cheveux très courts, après avoir été tirée par sa chevelure et trainée à terre. Il y a également ce moment de cordée en montagne où le narrateur constate combien il apprécie d’être deux et le fait savoir maladroitement à sa compagne. Dans un autre passage, la randonnée est le moyen que propose le narrateur à une étrangère, décidée à mourir, de dépasser son désarroi… Entrer dans les phrases de Erri de Luca est un voyage que j’avais oublié de faire depuis trop longtemps et lorsque le plaisir s’est enfin invité dans ma lecture, j’ai eu envie de recopier de nombreux passages, signe que j’étais de nouveau fascinée, et dans mon pays d’écriture.
« Un début de douceur détacha ma peine de mon flanc, il dura moins que rien. Je bus la deuxième gorgée, une pâte de crachat entre la bouche et le nez qui pouvait devenir un éternuement mais qui monta aux yeux : non, des larmes non, vite une autre gorgée me les fit ravaler. Mélangées au vin, elles l’adoucirent, ainsi vidai-je mon verre. Danny, le sous-sol, ses amis chantaient appuyés à une guitare, moi j’oscillais en mesure en serrant dans ma main la jupe de paille. »
Editions Gallimard – janvier 2004
Les lectures d'Antigone 