Lectures 2022

Trois mois et un jour, Karine Reysset

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Ma première lecture de Karine Reysset date de 2011, avec Les yeux au ciel. Depuis, je la suis, ainsi que toute la petite famille, puisque j’ai lu également à de nombreuses reprises des romans d’Olivier Adam et que j’ai lu les deux romans de leur fille, Juliette Adam. Il était peut-être alors d’autant plus troublant de rentrer, avec ce livre, dans l’intimité de cette famille, celle plus particulièrement de Karine Reysset, qui délaisse pour une fois le genre du roman pour s’intéresser à un épisode marquant de son enfance. Elle avait sept ans quand elle a perdu un petit frère de la mort subite du nourrisson. Il est décédé à l’âge de trois mois et un jour. Alors qu’aujourd’hui sa mère évoque l’idée de déménager la petite tombe, Karine ressent le devoir impérieux de commencer une enquête, vers cette période traumatisante de l’enfance, dont elle n’est pas bien certaine au final de saisir exactement tous les contours. S’était-elle vraiment endormie ? N’a-t-elle eu connaissance de cette perte que le lendemain ? Elle recueille toutes les traces possibles, les lettres, les photos, les témoignages de témoins. Mais elle parle aussi de sa fratrie, et de l’implication de cet évènement sur la famille toute entière. On peut passer une vie entière à chercher un frère avec lequel on a passé trop peu de temps. Elle se rend compte combien ses romans précédents, ont été déjà plein de Loïc, combien son présent en est rempli aussi… Et je ne pensais pas être aussi bouleversée par cette lecture qui examine scrupuleusement chaque détail, pour ne rien omettre de l’existence si courte de Loïc. Pourtant, rien n’a été caché dans cette famille aimante et digne, pas de secrets, là n’est pas le sujet. Il s’agit plutôt, il me semble, de donner vie et matière à un être, vivant à jamais dans les mémoires, et désormais dans ce livre. Cette enquête minutieuse, pour peu que l’on possède aussi personnellement quelques éléments biographiques accidentels, peut faire remonter des envies de fouiller également son propre passé. Cela a été le cas pour moi. Je remercie donc Karine Reysset d’avoir décollé ses strates intimes, avec son écriture délicate et juste, dans ce livre très fort.

Editions Flammarion – 12 janvier 2022

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…1 2 3 4 5

Ma lecture de Comme une mère, Les yeux au ciel et L’Etincelle

8 commentaires sur “Trois mois et un jour, Karine Reysset

  1. Comme toi, je n’ai lu de Karine Reysset que « les yeux aux ciel » sans doute il y a aussi environ 10 ans. Je n’ai pas eu l’occasion de lire d’autres de ses titres… Et celui-ci, malgré tout le bien que tu en dis, ne me tente pas vraiment.

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    1. Je suis allée vers ce livre sans savoir de quoi il traitait. Ce n’est pas un roman et c’est assez intime… Mais elle a écrit d’autres romans !!

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